Avant elle

Publié le par Martine

Avant elle

Je ne sais pas si ça va durer encore longtemps mais, à ce rythme, bientôt je n'aurai plus de mots pour qualifier les émotions ressenties en lisant les ouvrages sélectionnés par la chouette équipe des 68 premières fois pour cette édition 2021. Bon, c'est vrai que, si je participe aussi régulièrement à ce challenge littéraire, c'est aussi parce que je sais très bien que la qualité est toujours au rendez-vous. Cette fois-ci encore avec ce premier roman magistral que Johanna Krawczyk publie aux éditions Héloïse d'Ormesson

Carmen, professeur spécialisée dans l'histoire de l'Amérique Latine, perd peu à peu pied avec l'existence depuis le suicide de sa mère. Un mal-être qu'elle noie dans l'alcool qu'elle ingère jour après jour pour tenir le coup face à sa fille et son compagnon et qui s'est encore renforcé au décès de son père. Seule pour affronter ce double deuil, Carmen s'enfonce dans une espèce de léthargie, absente à elle-même, jusqu'à ce jour où elle est appelée pour venir vider le box où son père avait entreposé des effets personnels. Ce dont elle ignorait tout.

C'est là que le déclic s'est produit pour moi. Je vous avoue que, bien qu'avertie par la 4e de couv, cette Carmen ne me disait vraiment rien qui vaille. Je la trouvais un peu trop complaisante envers elle-même. Et là, d'un coup, tout ce que l'auteure nous a distillé par petites touches, petites notes, prend forme et nous frappe aussi sûrement qu'un orage de grêle. Dès lors la quête dans laquelle se lance Carmen prend sens et même si ce qu'elle va découvrir sur ce père qu'elle a toujours connu taciturne et silencieux, qui n'a jamais laissé filtrer le plus petit indice sur sa vie d'avant elle, est d'une violence inouïe, on reste là, aux côtés de Carmen. Comme scotché, cloué, ahuri et hébété. 

Cette vérité qui nait au fur et à mesure qu'on tourne les pages révèle bien des non-dits, lève le voile sur de lourds silences, fait mal. Forcément. Mais en même temps elle explique, elle soulage un peu momentanément. La logique de l'histoire voudrait qu'elle apaise, qu'on la comprenne. Mais il revient à chacun de le faire, ou pas, et d'accepter le choix de Carmen. Il est des situations, des événements, des actes qui s'apprennent. Et puis c'est tout... 

C'est ce que nous démontre Johanna Krawczyk de son écriture tranchée, ciselée, rude et redoutablement efficace.

Avant elle
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D
tu as raison, que ce roman nous travaille et en même temps il est si émouvant
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M
Exactement. Merci Dominique
M
C'est bien vrai que tu nous donnes envie de tous les lire, comme quoi cette sélection de jeunes auteurs est une merveille...je note, je note !! Merci Martine
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M
Je te le confirme. Aucune déception jusqu'à présent. Bien au contraire! Bonne journée, Manou