Les amours d'Emma: voici la chronique!
Tout commence par des obsèques. Celles d’Emma, 96 ans, qui avant de quitter cette terre a laissé en héritage à sa petite-fille Aurélie des cahiers dans lesquels elle a consigné les principaux évènements qui ont jalonné sa vie et à ne lire qu’une fois qu’elle ne serait plus là.
C’est ainsi que nous prenons place au côté d’Aurélie et qu’avec elle nous partons à la véritable rencontre d’Emma, guidée par Yveline Gimbert, l’auteur de ce roman paru aux éditions de l’Archipel.
Emma a à peine 20 ans en 1937 lorsqu’elle fait la connaissance d’Adrien Fournel, riche propriétaire terrien, et notamment du domaine de La Tranchère, en plein cœur de l’Auvergne. Charmée, la jeune femme l’épouse et déchante aussi vite, Adrien se révélant un coureur de jupon invétéré. Ce qui lui vaudra d’ailleurs d’attraper une maladie « honteuse » et le condamnant à plus ou moins long terme. N’éprouvant plus rien pour cet époux de façade, Emma ressent bientôt un véritable coup de foudre pour Thomas, ouvrier agricole venu louer ses services à La Tranchère. S’engage alors une relation amoureuse clandestine en ces années d’après guerre, relation qui prendra fin brutalement lorsqu’un accident de chasse tue Thomas. La jeune femme va être d’autant plus effondrée que son mari décède seulement quelques semaines plus tard.
Enfermée dans une douce solitude bien à l’abri de son domaine, Emma va alors rencontrer successivement deux hommes, Paul Dercou et Yves Macerf, qui, chacun à leur façon, vont lui redonner goût à la vie et l’envie de croire à l’amour. Un seul pourtant s’engagera auprès d’elle…
Avec ces « Amours d’Emma », Yveline Gimbert signe un roman de très belle facture où l’amour a toute sa place, qu’il soit ressenti entre une femme et un homme, mais aussi envers une terre, celle sur laquelle on naît, qui nous façonne et nous éprouve tout au long de notre vie. Pas de grande déclaration ou d’envolée littéraire chez Yveline Gimbert. L’auteur écrit avec des mots simples, proches, qui nous parlent directement et nous émeuvent par la seule force des sentiments qu’ils dévoilent. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » affirme le proverbe. Pourtant Yveline Gimbert s’amuse à lui donner tort. Certes le cœur d’Emma bat peut-être un peu trop et à tort. Et la jeune femme n’hésite pas à braver bien des interdits en ce milieu de 20e siècle au seul nom de l’amour. Pourtant c’est la raison qui la guide à l’heure des choix. La raison et cet amour inconditionnel qu’elle voue à son domaine de La Tranchère. Un bel amour qui rejoint fatalement celui qui mène le monde. « Les amours d’Emma » un très beau roman qu’on se surprend à regretter devoir fermer après la dernière ligne.