L'amour au temps du Covid 19
Comme je ne lis que des nouvelles en ce moment, je n'ai pas résisté à lire celle que l'écrivain italien Antonio Manzini vient d'écrire spécialement pour les éditions Sellerio et que la maison d'édition sicilienne offre généreusement à ses lecteurs.
Nouvelle de circonstance qui a le mérite de montrer les cas de solitude extrême que cette période de confinement peut créer et avec laquelle les éditions Sellerio invitent à faire un don pour la recherche contre ce fameux Covid 19 si meurtrier (ce que j'ai fait bien sûr).
En ce début d'année 2020, un mal étrange venu d'Asie frappe la population italienne du nord avant d'atteindre le pays tout entier et de confiner sa population. Confinement auquel le vice-questeur Rocco Schiavone se soumet de plus ou moins bon gré mais qui ne l'empêche pas d'exercer sa profession avec toutes les précautions recommandées.
C'est pourquoi lorsque le décès par électrocution dans son bain d'un homme est signalé, il se rend sur place, masqué et ganté, tout comme les membres de son équipe. Dans l'appartement de la victime, il a la surprise de découvrir que non seulement celle-ci y vit avec son épouse et leurs deux jeunes enfants mais aussi ses beaux-parents presque septuagénaires et son jeune beau-frère. Soit six personnes qui vivent ainsi confinés dans ce petit logement.
Dès lors il convient pour le vice-questeur d'interroger chaque membre individuellement : l'épouse éplorée qui vient avec ses deux enfants, le beau-frère qui se trouve être un petit trafiquant de drogue et un grand fainéant, la belle-mère soumise à l'emprise de son mari et ce dernier, autoritaire au possible, pingre, qui n'a aucune estime pour son gendre même si son épouse, son fils et lui squattent son logement depuis déjà sept longues années.
Alors qui a souhaité la mort de cet homme, jeune encore, seul à pourvoir aux revenus de tous? C'est ce que Rocco Schiavone va devoir trouver même si la vérité risque de noircir davantage sa vision du monde...
Tout d'abord j'ai eu grand plaisir à retrouver ce vice-questeur au caractère bougon, entier et d'une grande lucidité et je remercie Antonio Manzini et les éditions Sellerio pour ce beau cadeau.
Ensuite vous dire que Covid 19 ou pas, Rocco Schiavone reste égal à lui-même. Ce que nous montre ici l'auteur, c'est ce que ce confinement obligé pour des raisons de santé évidentes révèle en termes de misère sociale, économique, et surtout humaine. Oui, on n'est pas tous logés à la même enseigne face à cette situation et il serait bon, voire nécessaire que tous (en particulier les plus chanceux dont je pense être) en prennent enfin conscience.