En blanc et noir

Publié le par Martine

En blanc et noir

Lorsque j'ai présenté sur ce blog l'excellent roman de Bertrand Carette "La fosse aux louves" paru aux Presses de la Cité dans la collection des Terres de France, l'auteur m'a gentiment proposé de lire son premier roman "En blanc et noir" paru en 2010 chez Mon Petit Editeur. Ce que j'ai accepté bien sûr avec grand plaisir, ayant tellement apprécié La fosse aux louves. Et puis...

La vie étant ce qu'elle est, mes engagements dans divers challenges, des coups de cœur en librairie, des romans "à lire absolument et tout de suite" ont fait que ce roman a vite été recouvert par d'autres. Mais ma participation aux 68 premières fois et mon plaisir grandissant à découvrir sans cesse de nouvelles plumes et leurs premiers romans ont eu raison de ma PAL et j'ai laissé place à ma curiosité en lisant enfin ce premier roman de Bertrand Carette. Enfin... premier roman édité me semble-t-il car l'écriture qui s'y révèle est déjà bien travaillée, dévoile une certaine maîtrise du rythme et des effets que je ne retrouve pas forcément dans les premiers romans lus depuis quelques mois.

Autre précision. ce roman est classé "Roman noir" et il l'est. Assurément. Et sa lecture conforte mon envie à lire aussi d'autres premiers romans noirs, policiers ou thrillers. Alors si quelque blogueur/blogueuse littéraire avait l'idée d'organiser une action similaire aux 68 dans ce genre, autant vous dire que je serai partante à 1000%!!!

Mais que se cache-t-il donc derrière ce titre "En blanc et noir"? Tout d'abord, un homme. François de Terrac, un concertiste passionné de piano, doué certes mais pas vraiment talentueux malgré des heures et des heures d’entraînements au quotidien. D'ailleurs ce n'est pas pour rien qu'il a abandonné ses études au Conservatoire de Musique juste avant de passer son examen. Il sait bien au fond de lui qu'il aurait échoué! Pourtant cela ne l'empêche pas de s'engager dans divers orchestres de renommée et de se produire ainsi un peu partout dans le monde, alors que ses prestations lui apportent à peine de quoi vivre. Même si son train de vie semble montrer tout le contraire à son entourage et notamment à Constance Gladys, son amie (et plus) pianiste également. Alors comment fait-il?

Et c'est là que se situe toute l’ambiguïté du roman, et tout le talent de Bertrand Carette! Car il se trouve que François de Terrac mène une double vie. Grâce à ses prestations musicales, il peut ainsi éliminer, à la demande de l'agence secrète All Media Company qui l'emploie comme tueur à gages, les artistes en fin de carrière, ceux dont la présence dans les orchestres classiques constituent plus une gêne qu'un atout. Cette double vie, évidemment François la tient secrète. Mais cela ne l'empêche pas de rejaillir sur son comportement, provoquant chez lui des accès de froideur et d'insensibilité qui surprennent son entourage et l'obligent à se contrôler sans cesse.

Cela pourrait durer longtemps si François ne se rendait pas compte que peu à peu il perd l'usage de sa main droite. Ce qui va tôt ou tard, mais toujours bien trop tôt, l'obliger à cesser toute pratique du piano. Et à faire capoter toute sa belle organisation???

Ce roman, je l'ai tout d'une traite. Passionnant du début à la fin, il prend le risque, malgré toute l'antipathie qu'on peut ressentir vis à vis de François, de nous faire apprécier cet homme à la personnalité plus que complexe, oscillant entre la perversion narcissique allant jusqu'à l'obsession et se révélant dans une intimité fragile, une sensibilité certes liée à l'univers musical mais aussi à une certaine humanité. Et alors que tout nous pousse à détester François, on entre en empathie avec lui et on espère avec lui. Ce qui va vraiment à l'encontre de notre humanité et sensibilité personnelles!

Ce premier roman de Bertrand Carette révèle une belle écriture, confirmée dans "La fosse aux louves", mais aussi une imagination effrayante et une analyse psychologique des personnages des plus fines et pertinentes. Un auteur que j'aurai grand plaisir à retrouver...

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