Le bruit de la gifle
Du plaisir à retrouver l'écriture soignée et frappée d'Emmanuelle Urien à travers "Le bruit de la gifle" son dernier recueil paru chez Quadrature, cette maison d'édition chère à mon coeur de lectrice depuis qu'elle m'a fait découvrir ce genre littéraire que je dédaignais un peu, je l'avoue, ne trouvant gré auparavant qu'à des lectures denses et pavesques!
Ce "bruit de la gifle" est le troisième recueil d'Emmanuelle Urien que Quadrature édite. C'est dire si l'auteur toulousaine compte aux yeux de cette maison belge qui a fait le pari de ne publier que des nouvelles de langue française.
Pari réussi et même au delà de cette ambition avec ce nouveau recueil.
Dix nouvelles, y compris celle au titre éponyme, le composent.
Dix nouvelles, dix histoires différentes, et dix chutes insoupçonnables de prime abord. Enfin... "Têtes mortes" en moins! Car, là, la chute, je l'ai vue venir. Et de loin. Comment ne pas se douter en effet que l'homme reconnu par un accueillant du Samu Social lors d'un retour de maraude hivernale particulièrement rude n'est pas le père de ce bénévole et que ce dernier va avoir ainsi, ou pas, un compte à régler?
Mais qu'importe?! La force de l'écriture d'Emmanuelle Urien percute quand même.
Surtout lorsqu'on découvre le "Tableau de chasse" surprenant de cet autre dont il vaut mieux, bien mieux, ne pas vouloir rejoindre le cercle familial.
Ou celui-là encore, enfant solitaire, orphelin, adopté, devenu adulte ne pouvant s'empêcher de faire année après année le même pèlerinage sur le lieu de ses vacances d'enfant appréciant toujours autant un "Pain, beurre et chocolat".
Sans vouloir les résumer toutes, je retiens aussi la bêtise de l'homme (Emmanuelle Urien semble s'en délecter!) qui par dépit amoureux se retrouve seul en pleine mer à bord d'un "Bateau sur l'eau".
Chacune de ces dix nouvelles nous étonne et nous heurte par les situations qu'elles révèlent et aussi par les émotions qu'elles éveillent.
Emmanuelle Urien joue avec bonheur sur toute la palette de nos ressentis. Qu'ils soient empreints d'humour ou baignant en pleine absurdité, pétris d'humilité ou écoeurant d'arrogance, en total accord avec ses personnages ou au contraire en complète opposition.
Ce qui est sûr et qui résulte de cette lecture, c'est le sentiment d'évidence qui nous tombe dessus après chaque histoire. Certes on se fait bousculer mais force est pour nous d'admettre le caractère inéluctable de chaque récit. Il ne peut en être autrement et c'est tant mieux!