Il duello è contagioso

Publié le par Martine

Il duello è contagioso

Parfois c'est à se demander pourquoi on a attendu aussi longtemps avant de commencer une lecture. Ce recueil, je l'ai acheté il y a plus d'un an et, chaque fois que je tendais le bras pour l'attraper, je renonçais et me dirigeais vers une autre lecture. Jusqu'à ces derniers jours... Et depuis je m'interroge. Pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt, ce recueil signé par mon cher Andrea Camilleri "La capella di famiglia e altre storie di Vigàta" paru chez Sellerio en 2016. Et je n'ai pas la réponse.

Huit nouvelles le composent. Toutes se déroulent à Vigàta, la petite ville sicilienne imaginée par Camilleri et qui ressemble à s'y méprendre à son Porto Empedocle natal. Huit histoires qui ont lieu à des périodes diverses et qui mettent en scène des personnages drôles, ancrés dans leurs certitudes et leurs coutumes parfois ancestrales, mais toujours attachants.

C'est le cas dès la première nouvelle "Il duello è contagioso" (Le duel est contagieux) qui se passe en mars 1912. Tout commence à Rome où Don Michele Piazza croise incidemment la comtesse Giulia Trigona di Sant'Elia accompagnée d'un galant homme qui n'est pas son mari. Cette rencontre fortuite pourrait rester inaperçue si, de retour à Vigàta, Don Michele n'en riait pas devant les amis de son cercle et en présence du Colonel Capatosta qui vénère la comtesse au point de demander réparation de ces paroles outrageantes et de provoquer Don Michele en duel. 

Mais cela doit se passer en présence d'un notaire. Ce sera Prestigiacomo. Et de deux témoins par duelliste. Le choix du lieu et des armes étant fixé, ne reste plus qu'à attendre la date en se préparant au mieux à cet affrontement. Seulement voilà. Durant ces jours d'attente, les témoins à leur tour se cherchent querelle et se provoquent en duel également. Et le notaire Prestigiacomo doit maintenant en superviser trois! Et même un quatrième quand deux joueurs assidus de "scupa", un jeu de cartes typiquement sicilien, s'accusent mutuellement de tricherie et entendent régler leur différent sur le champ en duel. C'en est trop pour le notaire qui pense alors qu'une maladie contagieuse prenant ses racines dans la susceptibilité mal placée a contaminé ses concitoyens. Car cela continue avec le médecin également pris à parti et accusé de complicité par un des témoins du colonel Capatosta lorsque Don Michele se casse accidentellement la jambe et doit donc reporter la date du premier duel!

Où cet engrenage va-t-il s'arrêter? Prestigiacomo ne le sait pas. Seul, un appel divin peut y mettre fin. A moins que ne survienne un dernier rebondissement!...

Dès les premières phrases de cette nouvelle, j'ai commencé à rire et n'ai plus cessé jusqu'aux derniers mots. Pour vous faire une idée de cette histoire et de l'humour dont elle est pétrie, imaginez un film ou un roman de Marcel Pagnol et vous aurez tout. L'accent, le dialecte, les questions d'honneur, de vertu outragée, les idées toutes faites, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Tout y est et c'est grandiose! Je sais bien pourquoi j'aime tant lire Camilleri "dans le texte". Cette lecture me le confirme encore. Je me régale à lire ce recueil et j'ai hâte d'être à ce soir pour m'y remettre!

 

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