Le Cratère

Déjà mon avant-dernière lecture pour le Prix Passerelle organisé par le réseau de lecture publique de Valence Romans Agglo. Et une lecture qui complique encore mon choix quant au vote final tellement ce roman d'Arièle Butaux paru aux éditions Sabine Wespieser m'a émue aux larmes.

Aurore est une petite fille comme tant d'autres. Gaie, enjouée, se satisfaisant de tout, elle semble vivre une enfance des plus heureuse. Ses journées se partagent entre l'école, les jeux avec son petit frère Valentin et l'attention qu'elle porte à Lucas, ce frère né deux ans avant elle. Ce frère différent, lourdement handicapé, qui demande tant et tant de soins et d'attentions. Comme un véritable sacerdoce pour Marie, leur mère, et les adultes de la famille. 

Ce court roman, c'est celui du handicap, de la culpabilité, de l'abnégation et d'un formidable amour d'une fillette pour son grand frère. C'est aussi celui du deuil empêché et de l'incompréhension. Celui qui crée insidieusement "Le Cratère" dans lequel Aurore s'immerge, qui la noie et dont elle va devoir sortir pour enfin exister vraiment.

Vous dire que ce roman est beau n'est pas assez. Il porte en lui une lumière, un éclat, une luminosité caractéristique de l'espoir le plus fou. Et en même temps, c'est le trou noir, sans fond apparent qui aspire l'enfant, l'engloutit peu à peu. Un abîme dont personne ne semble avoir vraiment conscience.

Je vous l'ai dit. Je vais avoir du mal à choisir mon roman préféré parmi la sélection du prix Passerelle. Chaque année, la barre semble être encore plus haute. Il m'en reste encore un à lire. Et, heureux hasard, ce dernier fait aussi partie de la sélection 2025 des 68 premières fois. La transition est bien trouvée, n'est-ce pas?