Dernière visite à ma mère
S'il est une maison d'éditions que j'apprécie de plus en plus, c'est bien celle de l'Iconoclaste. Et ce n'est pas ce témoignage émouvant de Marie-Sabine Roger qui me fera changer d'avis. Le seul reproche que j'ai à lui faire est qu'il se lit trop vite. Car, une fois commencée, cette lecture ne se lâche pas. C'est une certitude.
Quand l'écrivain Marie-Sabine Roger constate la régression, sa mise en danger personnelle et l'incapacité réelle de sa mère à rester dans sa maison de famille, elle se voit contrainte de la mettre EHPAD. Elle a 92 ans. Pendant deux ans, jusqu'à son décès, elle va lui rendre visite au moins une fois par mois malgré les 800km qui les séparent et assistera impuissante à l'abandon progressif de la vie par sa mère.
C'est un témoignage d'une rare intensité que nous invite à partager Marie-Sabine Roger. Comme le souligne le bandeau qui borde le livre, nous sommes tous et en particulier toutes concernées. A des degrés divers. Tous nos aînés ne souffrent pas d'Alzheimer et tous ne finiront pas leur vie en établissement médicalisé. Heureusement.
A travers ces confidences, Marie-Sabine Roger évoque ces petits riens qui mis bout à bout la contraignent à envisager le placement de sa mère en EHPAD, la difficulté d'adaptation, l'infantilisation des pensionnaires, mais aussi le dévouement exemplaire, la générosité de certains, et plus sûrement certaines employées envers les résidents malgré une charge de travail de plus en plus lourde et compliquée.
Il est question ici de solitude, à la fois de la mère de l'écrivain et de Marie-Sabine Roger tout au long de ces deux années et au moment du décès de son "irremplaçable" comme elle la nomme avec une profonde et sincère affection.
C'est un très beau texte que l'auteure nous offre ici et je suis heureuse de l'avoir lu. J'espère qu'il en sera de même pour vous.