Kikuchiyo

Il parait que ce lundi 17 janvier est le jour le plus déprimant de l'année. Il est d'ailleurs qualifié de "Lundi bleu" de ce bleu froid et morne qui nous plombe le moral en moins de temps qu'il ne faut pour le dire (et encore moins pour l'écrire!) De plus, si je me souviens bien, c'est justement pour contrer cette idée et affronter chaque début de semaine le sourire aux lèvres que j'ai créé cette rubrique "La bonne nouvelle du lundi" il y a déjà 5 ans. En plus de valoriser ce genre littéraire que j'apprécie de plus en plus : la nouvelle.

Alors pour aller dans le sens de ce "Blue monday" ou "Lundi bleu" et de cette rubrique, rien de mieux que de lire cette nouvelle signée Max Obione parue chez Ska Editeur numérique, "Kikuchiyo".

Nous sommes dans ces temps incertains de montée des fascismes et autre national socialisme où la traque de celles et ceux qui n'étaient pas conformes aux normes fanatisées constituait le sport national. Nul jugement de valeurs dans ces mots. Un simple constat et rappel de ce qui fut et est encore trop souvent.

Dans ce climat d'hostilité, un jeune homme, appelons-le Michel Lecoing, embarque au Havre à bord d'un cargo en partance pour le Portugal et plus loin. C'est Esteban, échappé d'un de ces camps français réservés aux réfugiés espagnols, qui lui fournit cette opportunité, si ce n'est cette chance. 

A bord, clandestins comme lui, deux Japonais déserteurs en fuite, chacun pour raisons personnelles. Assez vite, un lien se crée entre Hiro, jeune poète, auteur de haïkus, et Michel, ex-étudiant en droit, de confession juive...

Cette nouvelle est un petit bijou du genre. Un texte sensible et puissant, fort, rocailleux, rugueux, comme peuvent l'être ces hommes aux destins tragiques et tourmentés, et en même temps d'une exquise douceur. C'est qu'au bout du voyage, si on y arrive, malgré l'inquiétude et la peur de l'inconnu, c'est l'espoir d'une nouvelle vie qui affleure. La promesse de jours meilleurs et des rêves qu'on réalisera.