L'Assommoir
Il a fallu toute la douceur et la voix de Pomme (je ne sais pas qui est cette dame mais je la félicite vivement) et tout son talent de lectrice pour me permettre d'aller au bout de cette lecture audio. Pourtant j'ai lu "L'Assommoir" il y a bien longtemps et j'avais encore en tête des souvenirs de certains passages brutaux, parfois cruels et toujours présents, très présents. Notamment le fameux repas de fête que Gervaise, la blanchisseuse, organise au sommet de sa réussite sociale et les crises terribles et terrifiantes de délirium tremens qui finiront par emporter son mari, Coupeau l'ancien ouvrier zingueur.
J'avais oublié les scènes d'une violence rare où la petite Lalie, tout juste 8 ans, se fait battre par son père sous l'emprise de l'alcool. De même étaient sortis de mes souvenirs l'hypocrisie immonde des soeurs de Coupeau, l'indécence de Lantier, la décadence physique et morale de Gervaise...
L'Assommoir, c'est ce dépôt de vin, un parmi tant d'autres, où se retrouvent les ouvriers, harassés de fatigue, avant et après leur journée de dur travail. C'est là que Coupeau passera de très nombreuses journées après sa chute accidentelle. Et c'est là que Gervaise se saoulera pour la première fois.
L'Assommoir, c'est ce roman qu'Emile Zola publie en 1876 d'abord en feuilleton puis chez l'éditeur Charpentier un an plus tard, septième parution de la saga des Rougon-Macquart. C'est la description du monde ouvrier dans un Paris soumis sous Napoléon III. La misère sociale, les arrangements pris avec la "bien-pensance" en place, les ravages de l'alcoolisme, l'ascension avant la chute fatale aussi bien physique que morale.
C'est une oeuvre magistrale rendue encore plus captivante et bouleversante par la voix de Pomme.