Le printemps des masques
C'est la troisième romance de Laurence Erwin que je lis, et la deuxième qu'elle a coécrite avec Elisabeth Faure, et je dois dire que j'apprécie de plus en plus son (leur) talent, son (leur) imagination et les sujets qu'elles traitent avec une certaine légèreté et profondeur associée. J'en veux pour preuve (s'il fallait encore vous convaincre) ce "Printemps des masques". Un titre suffisamment évocateur et intrigant pour une romance amusante, tendre, douce et ancrée dans une triste réalité.
A Nantes, en avril 2020. Confinée avant l'heure, Aline exerce à domicile en qualité de couturière et créatrice d'objets déco à base de tissus. Victor, lui, n'a pas su anticiper ce confinement et se morfond à l'idée d'avoir laissé son grand-père, seul, à Paris. Désoeuvré, il passe son temps à jouer avec une balle tout en cherchant l'idée géniale qui lui permettrait d'écrire enfin son premier roman à présent qu'il en a le temps.
Aline et Victor résident dans le même immeuble, l'un au-dessus de l'autre, sans s'être jamais vraiment rencontrés. Mais maintenant que leurs voisins étudiants ont abandonné leur résidence pour vivre le confinement en familles, la situation change. Car, n'en pouvant plus d'entendre les rebonds incessants de la balle de Victor, Aline est bien décidée à monter lui dire son fait. Une initiative qui pourrait bien marquer le début d'une belle histoire...
Le seul reproche que je pourrais faire à ce roman, c'est d'être un peu trop court à mon goût. Il se lit vraiment très (trop?) vite et, moi, je serais bien restée un peu plus longtemps en présence de ce couple charmant et sympathique, même si inattendu.
J'ai apprécié le caractère enjoué d'Aline, sa légèreté, sa vivacité d'esprit, ses réparties et son enthousiasme. Et celui un peu plus gentillet de Victor, inquiet indécrottable, qui manque singulièrement de confiance en lui, ce qui le rend d'autant plus attendrissant. D'évidence, ils sont faits pour s'entendre. Voire plus. Il n'y a qu'eux, ou plutôt que lui, pour ne pas s'en apercevoir, ajoutant par son trouble, ses hésitations, ses doutes de l'eau au moulin d'Aline.
J'ai apprécié également le rythme insufflé à cette belle histoire. Un chapitre, parfois deux, pour chacun des protagonistes à tour de rôle, de manière à nous faire partager leurs sentiments, leurs émotions et leurs perceptions sur les mêmes situations ou événements et à envisager au mieux l'évolution de leur relation.
Et enfin, et surtout, j'ai apprécié la présence (de loin) du grand-père de Victor qui, du haut de ses 83 ans, pourrait en démontrer à nombre de plus jeunes!
A situation exceptionnelle, histoire d'exception, ai-je envie de dire. Même si, par la voix des deux jeunes gens, les auteures glissent quelques vérités, certaines appréciations ou points de vue sur ce premier confinement et la crise sanitaire dans son ensemble. Comme quoi, même (ou peut-être, surtout) une romance peut délivrer un message tout en nous offrant un chouette moment d'évasion. Ce qui, à mes yeux, est un vrai gage de qualité.