Un été d'orage

Publié le par Martine

Un été d'orage

Il est des romans qui tombent comme une évidence. Des lectures faites pour nous, les lecteurs. Le dernier roman de Corinne Javelaud "Un été d'orage" paru chez City Editions, dans la collection Terres d'Histoires, est de ceux-là. Je ne peux pas dire que j'ai aimé cette lecture. Cela va bien au-delà. Elle m'a passionnée au point d'avoir eu beaucoup de mal à laisser ses personnages, en particulier Beata, et de me surprendre à m'interroger sur "comment réagiraient-ils? Que feraient-ils s'ils étaient encore là, s'ils vivaient à notre époque, aujourd'hui?"

J'espère être à même de trouver les bons mots pour vous donner envie, à vous aussi, de remonter le temps et d'aller à la rencontre de Beata et de son histoire.

En ce mois de mars 1942, dans Paris occupé, Eulalie et sa fille, la petite Beata, tentent de vivre, ou plutôt de survivre, du mieux qu'elles le peuvent. Pour cela, Eulalie a accepté une place de danseuse aux Folies-Bergères et s'expose tous les soirs à un public d'Allemands qui attend de ces femmes bien plus qu'elles ne sont prêtes à lui accorder. Parmi ces hommes, ces militaires gradés, se trouve l'officier Lubin Von Baden qui a jeté son dévolu sur Eulalie. Au grand désespoir et à la vive inquiétude de celle-ci.

Car déjà, en acceptant ce travail de danseuse dans lequel elle ne voit qu'un moyen de ne pas mourir de faim, elle culpabilise en pensant à son mari, prisonnier de guerre. Et puis les assiduités dont l'entoure Von Baden lui laissent un sentiment de lourd malaise. Refuser ses menus présents constituerait un grave danger. Les accepter ouvre la porte à d'autres beaucoup plus implicites, sournois et irréversibles. Eulalie ne trouve de réconfort que dans l'amitié qui la lie à Berthe Vandman. Mais celle-ci court aussi un danger, bien plus grave encore, de par son statut de juive polonaise.

Quand la situation devient vraiment trop intolérable, Eulalie n'a d'autre solution que de franchir la ligne de démarcation avec sa fille et de trouver refuge chez des cousins en Charente. Mais en cet été 42, la puissance hitlérienne est à son apogée. Elle va de victoire en victoire et n'a de cesse d'étendre sa domination. Rien, ni personne ne lui résiste. Et certainement pas une petite danseuse. C'est certainement ce que pense Von Lubin qui n'hésite pas à suivre Eulalie jusqu'en Charente avec des intentions qui n'ont vraiment plus rien d'attentionné. 

Dès lors Eulalie va devoir réagir, décider, répondre. Comment? C'est ce que Beata va vouloir et devoir comprendre, quelques années plus tard, quand la paix sera enfin revenue. Mais la paix existe-t-elle?  Peut-elle seulement avoir une existence après tant de souffrances et d'actes décidés dans la peur? Qui peut vraiment en juger?

Je n'en dirai pas plus sur la présentation de ce roman ô combien captivant et bouleversant, qui soulève des questions, pour moi toujours sans réponses. Tout est tellement subjectif quand il faudrait au contraire faire preuve d'objectivité. Mais qui sommes-nous? Qui serions-nous donc pour jeter la pierre, pour condamner, pour dire qu'il aurait fallu faire ceci ou cela? 

Cette lecture, c'est celle de l'acceptation de l'autre dans son entité, dans ce qu'il est, ce qu'il voudrait être et ce qu'il ne peut pas être. Parce qu'il y a des contraintes et des situations d'urgence, de panique et d'effroi qui brouillent les cartes et empêchent tout raisonnement.

Cette lecture m'a énormément marquée. Ce roman, je l'ai lu il y a déjà plusieurs semaines. Je n'ai pas voulu en parler sous l'emprise de l'émotion. Mais, même encore aujourd'hui après avoir laissé un peu de temps au temps, j'ai le coeur serré et les larmes qui montent aux yeux rien qu'à l'évoquer. Je ne peux dès lors que vous inviter vivement à le lire aussi, à en apprécier l'extrême qualité d'écriture de Corinne Javelaud, sa documentation très détaillée, les doutes et les interrogations qu'elle y a semé et cette histoire à la fois terrible, terrifiante et magnifique.

C'est le cinquième roman de Corinne Javelaud que je lis et à chaque fois elle me surprend et me bouleverse. Et cela quels que soient le contexte et l'époque. Si c'est pas une preuve de talent, ça!... 

 

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B
J'ai lu cet excellent ouvrage et j'ai le même ressenti que toi Martine.<br /> Je te souhaite une douce semaine et je t'embrasse très fort.<br /> Bernadette.
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M
Et ça t'étonne?!!!! Moi, non!!! Gros bisous Bernadette et merci beaucoup
M
J'ai entendu parler de cet auteur mais je ne l'ai pas encore lu...Je la chercherai en médiathèque. Merci pour ton ressenti
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B
Ah non pas du tout Martine !!! GROS GROS BISOUS.
M
Merci Manou! Bonne future lecture!
P
Je ne connais pas l'auteure, mais apparemment je devrais découvrir ses oeuvres...<br /> Bonne soirée.
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M
Je te souhaite, Philippe! Bonne semaine!
C
Bonjour, je ne connais pas cet auteur….. mais vos commentaires ne peuvent laisser de marbre. Ce sera un prochain livre sur ma liste…..Bon dimanche à vous
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M
Merci beaucoup, Caroline! Je vous souhaite une très belle lecture!