J'ai rêvé la Révolution

Publié le par Martine

J'ai rêvé la Révolution

Hier soir, ma fille Aurore m'a invitée à aller voir avec elle à la MC2 de Grenoble la pièce de théâtre "J'ai rêvé la Révolution", une création librement inspirée par la vie et la mort d'Olympe de Gouges et interprétée par Catherine Anne, également auteur de la pièce publiée chez Actes-Sud Papiers et metteur en scène, Luce Mouchel, Morgane Real et Pol Tronco.

Alors d'abord une soirée avec ma fille ne se refuse jamais et quand en plus c'est pour assister et applaudir un tel spectacle, c'est juste magnifique! 

La pièce retrace les derniers jours de la révolutionnaire, féministe engagée d'avant-garde, auteur entre autres de la "Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne". En cette année 1793, Olympe de Gouges a été arrêtée pour ses écrits jugés scandaleux et contraires à l'état révolutionnaire notamment par ses prises de position affichées pour l'abolition de l'esclavage et est emprisonnée. Croyant encore en la justice des hommes, elle s'obstine à refuser l'aide que tentent de lui apporter la mère d'un de ses geôliers et la femme qui partage l'existence de son fils, Pierre, parti combattre à la guerre. Intéressée ou sincère, leur présence au côté de la prisonnière est tout ce en quoi celle-ci peut encore espérer au-delà de ses convictions profondes qu'elle continue de confier sur le papier.

Son espoir d'un jugement honnête et équitable s'écroule brusquement lorsque, le jour de son procès, elle se retrouve seule face à ses détracteurs, à assurer sa défense. La condamnation tombe alors. Olympe de Gouges sera guillotinée le 3 novembre 1793.

J'ai tout aimé dans cette représentation. La fidélité à l'Histoire. La qualité des interprétations, chacune, chacun se prêtant habilement au double jeu, jouant sur la corde des émotions et des expressions corporelles, quand les mots s'expriment et sont trahis par les réactions ou les attitudes involontaires du corps. Et surtout le jeu de Catherine Anne interprétant brillamment cette femme, emplie d'espoir et qui voit se refermer la porte de ses illusions tour à tour devant elle jusqu'au coup de grâce final, le reniement infligé par son propre fils.

Le texte est volontairement provocateur, faisant bien souvent sourire jaune. On se laisse prendre par cette histoire à laquelle on aimerait apporter une autre conclusion. On se prend à vouloir assister Olympe dans son enfermement, dans son isolement, à pouvoir faire quelque chose pour elle. Egalement.

Et c'est peut-être bien là le message que souhaite faire passer Catherine Anne. Poursuivre l'oeuvre d'Olympe de Gouges, suivre la voie qu'elle a tracée pour les femmes et pour l'humanité, elle qui constatait "Une femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune."

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article