La piramide di fango
Avec ce 1er février commence le Mois du Polar chez Sharon. Et pour y entrer de la meilleure des façons (pour moi), ma première participation concerne ce roman d'Andrea Camilleri "La piramide di fango" paru chez Sellerio Editore Palermo, une nouvelle enquête de mon cher commissaire Montalbano que je me suis fait un plaisir de lire en VO.
Il fango, en italien, c'est la boue. Et de boue, il est fortement question dès le début de cette histoire puisque il pleut à Vigata, mais aussi sur une bonne partie du pays, depuis plusieurs jours et que, justement, cette nuit-là, le commissaire se réveille brusquement ne sachant plus si cela est dû à un coup de tonnerre plus puissant que les précédents dans l'orage qui s'abat à ce moment-là sur la ville ou si c'est à cause du rêve ou plutôt du cauchemar qu'il était en train de faire. Son fidèle agent Catarella n'était-il pas en train de le menacer d'une arme et, pire, de lui tirer dessus à bout portant?
Ayant repris ses esprits, et l'orage s'atténuant, Montalbano se rendort et est réveillé à nouveau brusquement par ... la sonnerie du téléphone. Au bout du fil, Catarella lui annonce la découverte du corps d'un homme, à moitié nu, sur un chantier. L'inspecteur Fazio étant déjà sur place et le commissaire adjoint Mimi Augello n'étant pas joignable, c'est Catarella en personne qui accompagne Montalbano sur le lieu du meurtre, un chantier de travaux publics détrempé par les eaux des pluies de tous ces derniers jours et boueux à souhaits!
Il fango, dans sa traduction littérale, c'est la boue. Mais, avec ce roman, il ne faut pas s'en tenir là. Car il fango, c'est aussi la fange, les immondices, les ordures, A prendre au sens propre comme au sens figuré. Et je suis d'ailleurs vraiment curieuse de savoir comment sera traduit ce titre.
La victime, Gerlando Nicotra, a été assassinée d'une balle dans le dos alors qu'elle fuyait en vélo on ne sait quoi, ni qui, ni pourquoi et encore moins pourquoi elle a tenté de se réfugier à l'abri de ce chantier. Or très vite Montalbano et Fazio découvrent d'une part que Nicotra était comptable de l'entreprise qui gère ce chantier pour le compte de la Région et d'autre part que des indélicatesses liées à des défauts ou absences de livraison de matériaux ont été commises à moult reprises.
En même temps, le commissaire est contacté par un vieil ami journaliste, Gambardella, qui prépare un dossier sur des malversations commises sur plusieurs chantiers financés par la Région et a reçu des menaces de mort. Tout ceci serait-il l'oeuvre de la Mafia ou faut-il aller chercher du côté des élus régionaux? Montalbano se retrouve bien malgré lui englué dans une espèce de boue, de fange qui s'élève au fur et à mesure de son enquête et qu'il va se faire un malin plaisir de mettre à mal. Et cela dans le seul et unique but de pouvoir toujours se regarder en face dans son miroir et surtout de continuer à garder un peu d'estime, s'il en est, pour les gouvernants de son pays.
Bien sûr je me suis passionnée pour cette lecture. D'autant plus qu'elle nous laisse découvrir un Montalbano, plus sensible, plus droit, plus attentionné aussi. Un homme qui n'hésite pas à prendre des distances avec la loi pour mieux la défendre et la faire respecter. Un homme meurtri aussi par la disparition tragique de celui que sa fiancée Livia et lui considéraient comme leur fils, François (ce roman est la suite chronologique de "Une lame de lumière). Décès qui a plongé Livia dans une profonde dépression, ce qui inquiète vraiment Montalbano qui, lui, surmonte sa peine en se plongeant à fond dans son travail d'enquêteur.