Sens dessus dessous
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Le nouveau roman de Milena Agus, je ne pouvais pas le manquer. De cette écrivain sarde, j'ai tout lu et toujours avec grand bonheur. Cette écrivain possède un talent, un charme, qui ne me laisse pas insensible. Loin s'en faut!
Avec "Sens dessus dessous" paru à nouveau chez Liana Lévi, nous sommes encore en Sardaigne, à Cagliari, la capitale. Alice y est étudiante. Elle vit seule au premier étage d'une maison ancienne de trois niveaux. Au rez-de-chaussée, habitent Anna et sa fille Natasha, les voisines du dessous. Au deuxième, réside M. Johnson, violoniste américain talentueux,le voisin du dessus, marié à une Sarde richissime (et propriétaire de l'appartement) de qui il est séparé. De cette union, leur est né un fils Johnson Junior, lui-même père d'un petit garçon, Giovaninno, dit Johnson Junior junior!
Tous ces personnages plus ou moins excentriques, évoluent autour d'Alice qui envisage, avec eux, la famille qu'elle n'a pas, ou plus, depuis que son père s'est pendu quand Alice n'était encore qu'une enfant, après avoir trompé son épouse, devenue folle depuis et soignée dans un établissement adapté.
Ce qu'il y a de bien avec Milena Agus, c'est qu'elle possède l'art et la manière de nous subjuguer en quelques phrases, en nous mettant au contact de ses personnages l'air de rien, avec une simplicité effarante, presque effrayante. Ses romans sont courts. A peine 150 pages. Et dès les premières lignes, on est happé, aspiré comme nous y invite l'illustration de couverture d'ailleurs. Et impossible d'y échapper. Impossible de reposer le livre. Et encore moins de le refermer!
Il y a d'abord l'ambiance, une atmosphère unique. Cagliari. La Sardaigne. La mer au milieu de la ville. La chaleur, celle extérieure, et l'autre, celle qui règne en maître dans le cœur des personnages.
Car c'est là, à mon avis, que se trouve tout le talent de Milena Agus. Sa façon unique de nous camper des personnages atypiques, portant chacun son lot de souffrances, de tristesse et de malheur, cherchant coûte que coûte à nager dans le sens de l'eau, sans se laisser emporter par le courant. Malgré (ou à cause de) ce qui peut nous sembler excentrique (et, par bien des côtés, l'est bien souvent), tous sont authentiques, vrais, s'exposent sans tabous, vivent ce qu'ils ont à vivre, avec fatalisme. Le poids des mots prend alors toute sa place. Chacun choisi, mesuré, déposé, placé à sa place, implacable, et apportant cette précision, cette force, cette qualité d'écriture que j'apprécie tant.
Nul besoin d'en rajouter. Le récit nous prend aux tripes, au cœur, et l'émotion affleure. Et c'est beau. Et c'est drôle. Et c'est tragique. Comme la vie, quoi!
Avec cette nouvelle lecture, je participe (encore!!!) au challenge Il Viaggio d'Eimelle. En hors thème!