La dame de la Villa Saphir
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La Villa Saphir, c'est là où réside Anaïs Gersaud sur la côte Atlantique en ce début des années 1920 et dont elle vient d'hériter à la suite du décès de son mari. La Villa Saphir, c'est la propriété aussi dans laquelle la jeune et belle Anaïs cherche un peu de réconfort dans la présence attentive à ses côtés de James, peintre américain, aussi séduisant que curieux, voire intrigant. Avec une telle base, tous les ingrédients sont réunis pour capter notre attention dès les premières pages de ce nouveau roman de Corinne Javelaud, paru chez City Editions. Si on y ajoute les questions nombreuses que se pose sans arrêt Anaïs sur la mort de son mari, les réponses que voudrait lui apporter James, le cadre pittoresque et presque trop beau pour être vrai de cette belle région autour de Cognac, tout ce qu'on apprend mine de rien sur la production et la distribution de ce fameux vin, la quête qui va conduire Anaïs et James jusqu'aux Etats-Unis et cette période un peu folle des années d'après-guerre où l'on pensait surtout à se distraire, à s'amuser après ces années de restriction et de malheur, vous comprenez pourquoi j'ai quasiment dévoré ce roman à la fin de l'été dernier. Car l'intrigue est solide, Corinne Javelaud y a veillé, les personnages sont très bien campés, et notre attention est retenue dès les premières pages, presque dès les premières lignes. D'emblée on se prend d'affection pour cette jeune Anaïs que la vie a déjà bien éprouvée. Même si à certains moments on a envie de la bousculer un peu, de la sortir de la mélancolie dans laquelle elle semble s'enfoncer. Ce qu'elle réussit d'ailleurs à faire très bien toute seule, sans notre intervention et même presque sans celle de James ou de son neveu qui, l'air de rien, a senti, compris que quelque chose se passait ou allait se passer autour de cette Villa Saphir, de son histoire et de celle de sa jeune propriétaire. Et dès lors le récit s'emballe et on ne peut plus le lâcher. Comme Anaïs, on n'a de cesse que de vouloir comprendre tout en restant conscient qu'accepter ce qui va découler de cette quête sera un autre sujet et surtout difficile. Pour Anaïs bien sûr... Mais la vie est pleine de surprises et de soubresauts. A son image, le destin de la jeune femme n'en manque pas. Entre mystère, petits complots, recherches et voyages, Corinne Javelaud a de quoi nous combler et elle y réussit très bien. Les caractères se dévoilent, les émotions nous touchent et on est transporté. De cet auteur, j'ai déjà eu le plaisir de lire l'année dernière "La demoiselle du Mas du Roule" et j'avais été charmée par le style, l'imagination argumentée par de solides recherches qui se retrouvent dans les descriptions, les scènes de vie, les savoirs-vivre de l'époque, et le rythme crescendo qu'elle insuffle à son histoire. Toutes ces qualités, je les ai retrouvées avec grand plaisir, même si sur un autre sujet, à une époque différente, avec cette "Dame de la Villa Saphir" et ce fut à nouveau un vrai bonheur de lecture, entre roman historique, de terroir et romance. J'ai vu en parcourant la bibliographie de Corinne Javelaud qu'elle avait publié "Venise aux deux visages" et reçu pour ce roman le Prix de l'Académie des Beaux Arts et Belles Lettres du Pays de Caux. Une sacrée référence et un titre qui m'interpelle!