Je ne capitule pas
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J'ai lu ce document témoignage avec la boule au ventre et un intérêt grandissant au fur et à mesure que j'en tournais les pages. Son titre d'abord m'a de suite interpellée "Je ne capitule pas". Un titre choc, volontaire, qui donne un sentiment d'inflexibilité, de "rester debout" coûte que coûte, jusqu'au bout, presque d'invincibilité. Puis son sous-titre "Après les attentats de Charlie Hebdo : à quoi ça sert un prof?" qui a l'art et la manière de poser la bonne question, en toute franchise et bien en face. Marie-Sandrine Lamoureux (même son nom, je l'aime!...) est professeur de français en collèges et lycées depuis plus de 20 ans. Une profession qu'elle exerce avec passion, engagement et écoute vis à vis de ses élèves, mais aussi de ses collègues enseignants et du monde qui l'entoure. Une forte personnalité. Une belle personnalité. Un professeur comme j'en ai connu quelques uns, qui croient dur comme fer dans leur enseignement et en leurs élèves. Dans ce document, paru chez Don Quichotte éditions, M. S. Lamoureux a choisi de nous parler de son quotidien d'enseignante, de ses relations avec ses élèves, des questions, des émotions qu'ils ont partagées lors des événements tragiques du 7 janvier dernier, des jours qui ont suivi, de ce fantastique élan de solidarité qui s'est manifesté partout en France et qui semble être retombé presque aussitôt après. Sauf pour elle. Qui a saisi ce bouleversement national pour en parler, expliquer (ou au moins essayer d'expliquer ce qui était possible), donner à réfléchir, apporter des pistes pour tenter de comprendre l'incompréhensible. Et cela tout au long des semaines, des mois qui ont suivi. Comme si elle portait un beau bâton de pèlerin et que, chaque jour, inlassablement, elle remettait ça. Ce texte est beau par les exemples dont il fourmille, par ses anecdotes, par les situations exposées, relatées, mais aussi par les interrogations des élèves, leur sentiment de vouloir participer, de vivre ces événements mais pas comme des moutons et, bien au contraire, en sachant bien pourquoi ils le font, pourquoi ils en sont. Au-delà de ce quotidien, de cet engagement, c'est aussi une réflexion personnelle que l'auteur nous propose. Avec minutie, méthodologie, elle pose les jalons de son propre questionnement, de son propre engagement, de ce pourquoi elle a choisi cette profession, de ce en quoi elle croit. Elle nous parle de ses valeurs, celles auxquelles elle tient, celles qu'elle ne reniera jamais et pour lesquelles elle n'admettra aucune concession. Ce respect de l'homme, des uns et des autres, elle en témoigne tout au long de ces quelque 300 pages. Et en même temps elle nous en imprègne et nous en convainc. Même si c'est difficile, pas évident tous les jours, même si parfois on a envie de dire "à quoi bon?". Elle ne baisse pas les bras et nous invite à l'écouter et, peut-être, la suivre. Et c'est ce que j'ai trouvé de plus beau dans ce témoignage. Ce partage qu'on reste libre d'accepter, ou pas, ces questions (et leurs réponses) qu'on peut se poser, ou pas, envisager (ou pas). Respect et liberté, toujours, pour continuer d'honorer la belle devise de notre pays, en y adjoignant l'égalité et la fraternité.