Place Colette

Publié le par Martine

Place Colette

Place Colette, c'est là où se situe la Comédie Française à Paris, au numéro 1, et là où rôde la narratrice de ce roman, Nathalie Rheims, paru aux éditions Léo Scheer, après avoir passé trois ans sur un lit d'hôpital, le corps emprisonné dans une coquille en plâtre, entre les âges de 9 et 12 ans. Tandis que la petite fille souffrait en silence et prenait son mal en patience, elle a étudié les grands textes de littérature classique et développé ainsi une passion immodérée pour le théâtre, son art et son univers. Finalement opérée avec succès, ses premières sorties véritables sont de se rendre à la Comédie Française "place Colette" et de penser, de rêver au jour où elle en franchira les portes et où elle y sera applaudie comme elle le mérite. Mais ses trois années d'hospitalisation ont mis sa patience à mal. La jeune fille n'en peut plus d'attendre, ne peut plus attendre. Et, le jour anniversaire de ses treize ans, la voici qui ose s'imposer dans la loge du comédien qu'elle admire et dont elle est secrètement amoureuse. Bien qu'il soit son aîné de trente ans, celui-ci est particulièrement troublé lorsque la jeune inconnue présente face à lui lui annonce qu'elle veut être son cadeau d'anniversaire et qu'il commence par l'embrasser. Débute alors une relation étrange, hors normes, entre tous les deux, une relation faite d'initiation, d'apprentissage, de partage, d'éducation sentimentale et charnelle, d'amour aussi. Une relation d'une grande force mais qui comprend également ses faiblesses et pas des moindres...

De Nathalie Rheims, j'ai déjà lu et apprécié "Laisser les cendres s'envoler", également paru chez Léo Scheer, où elle évoque avec beaucoup de sensibilité et une grande pudeur sa relation chaotique avec sa mère disparue. C'est donc avec un a-priori favorable que j'ai entamé cette nouvelle lecture. Et mon intérêt s'est confirmé. J'ai retrouvé dans ce nouvel opus la même sensibilité, la même pudeur, même si certains passages se révèlent assez intimes, voire parfois plutôt crûs, l'écriture de Nathalie Rheims sait trouver les mots qui ne nous choqueront pas.

A travers ce récit, c'est une adolescence, et une adolescente, qui se dévoile. Les premiers émois, l'entrée dans le monde des adultes, la découverte de l'intimité, de la sexualité, mais aussi l'apprentissage d'une profession, celle de comédienne, qui démontre un univers dur où le chacun pour soi est omniprésent. En effet la narratrice est plus ou moins protégé par la présence et la personnalité de son premier amant. Mais cette relation possède aussi son revers de la médaille, d'aucuns n'hésitent pas à y trouver une certaine perversité qui, si elle ne se révèle pas dans les sentiments, se ressent dans les actes, dans les attitudes, dans les gestes et s'entend dans les commentaires des uns et des autres. Provoquant ainsi une souffrance nouvelle, une souffrance supplémentaire après toutes celles déjà vécues par la narratrice, mais une souffrance formatrice, qui l'aide à se forger une volonté nécessaire au métier qu'elle veut exercer, plus que tout.

Bien sûr j'ai beaucoup apprécié ce nouveau roman de Nathalie Rheims. Pour son côté autobiographique (même si la quatrième de couverture s'en défend, l'emploi du pronom personnel "je" demeure troublant), pour les références littéraires auquel il nous renvoie et pour ce récit intime, intimiste qui n'en peut plus de nous émouvoir.

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E
j'aime bien cette auteure, je pense que je le lirai dans un moment!
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M
Je lirai ton avis avec beaucoup d'intérêt! Merci Eimelle!
S
Fuyant les récits intimistes, je ne m'y frotterai pas. Merci pour ton billet :)
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M
J'ai apprécié cette lecture et d'en parler! Merci Stéphie!