Une vie (et trois bonnes nouvelles)
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Envie de rester au 19e siècle et de retrouver Maupassant. Notamment avec cette lecture de "Une vie" son premier roman qui se trouve, dans cette édition, complétée par trois nouvelles mettant en scène des femmes et nous permettant ainsi de mieux connaitre et comprendre leur condition à cette époque. Autant vous dire que ces nouvelles sont fort bien écrites et qu'elles m'ont ravie!
"Une vie", premier roman de Maupassant, est d'abord paru en feuilleton à partir de 1883 avant d'être réuni et publié comme tel. Il nous met en présence de Jeanne Le Penthuis des Vauds qui, à tout juste 17 ans, sort enfin du couvent où son baron de père l'a envoyé pendant trois ans parfaire son éducation et se préserver du monde extérieur. Aussi la jeune fille n'en peut plus d'attendre et grande est sa hâte à quitter Paris pour aller à nouveau habiter la demeure familiale à la campagne. Là, entre ses parents, elle goûte une vie paisible et s'émerveille de tout. C'est là qu'elle rencontre son voisin Julien de Lamare qui, sous un aspect charmant, la trouble au point de la laisser aller à accepter le mariage. Mais las! Trois fois hélas! Le jeune époux se révèle bien vite sous son véritable jour, doté d'une avarice aussi développée que sa personnalité peut se montrer rustre. Hélas encore pour Jeanne! Cette découverte survient bien tard. Beaucoup trop tard...
A travers ce récit d'Une vie, c'est toute la condition féminine dans cette deuxième partie du 19e que Maupassant nous livre. Rien ne nous est épargné et on partage les joies de Jeanne comme ses pires craintes ou son ennui immense. D'une réalité à toute épreuve, ce roman nous imprègne de cette atmosphère particulière à la fois douce et feutrée mais aussi parfaitement lucide et même cruelle. Le mariage y est présenté comme une prison dont seule la mort peut permettre de s'en échapper. Le poids du silence et de l'ennui n'en devient alors que plus lourd et oppressant et on ne peut plus qu'accepter le petit coup de canif que Jeanne va fatalement donner à son contrat de mariage.
De Maupassant, j'ai toujours lu des textes courts, nouvelles ou contes. J'ai retrouvé cet auteur grâce à ma fille qui m'a fait lire ses Histoires douces amères que je n'avais encore jamais lues. Je me suis pris au jeu et j'ai pleinement apprécié la lecture de ce roman dans lequel toute la saveur de l'écriture Maupassantienne s'y retrouve décuplée.
Seule contrariété (et de taille cependant) cette édition Hatier Classiques et compagnie Lycée est cryptée de notices explicatives, complétée d'analyses et, pire que tout (pour moi) chaque chapitre est numéroté de 5 en 5! Alors, SVP, lisez ce roman dans une autre édition!