Ma vie Océan
Comment réapprendre à vivre quand on a tout perdu et qu’on a tout juste 16 ans ? C’est ce que nous invite à découvrir Mireille Disdero à travers ce récit sensible paru aux éditions du Seuil.
Fille unique, Héloïse a 16 ans quand, en vacances en Thaïlande, le tsunami emporte tout sur son passage, y compris ses parents, ce 26 décembre 2004. Orpheline, la jeune fille est recueillie dans les Alpes dans un foyer pour jeunes se trouvant dans la même situation qu’elle ou séparés de leurs parents suite à des accidents de la vie ou de parcours. Dans cet entourage chaotique, Héloïse se sent sombrer dans une abîme sans fond, refusant de s’alimenter et, surtout, d’accepter l’inconcevable.
Elle pourra cependant compter sur la présence de sa camarade de chambre Katy, dont les parents viennent de décéder dans un accident de la route, de Théo, jeune garçon à la blondeur d’un ange, orphelin lui aussi, avec qui l’adolescente va partager une tendre affection, et également Etienne, surveillant du foyer au caractère un peu bourru mais qui veille avec grand soin sur tous ces jeunes garçons et filles en détresse. Grâce aussi au professionnalisme efficace de Martine, directrice du foyer, à l’arrivée tardive (et pour cause !) mais effective d’Inès, tante d’Héloïse, sœur de sa mère qui, de sa position de tutrice va finalement engager une procédure d’adoption, la jeune fille va peu à peu reprendre goût à la vie et l’envie de vivre qui l’accompagne nécessairement.
Avec cette histoire, la bibliothécaire Mireille Disdero nous entraine à la suite d’Héloïse, de ce qui fait sa vie dans ce foyer de jeunes paumés, qui n’ont plus aucune branche auxquelles se raccrocher après un profond traumatisme. Avec des mots simples, l’auteur nous fait partager l’intimité de cette jeune fille et de Katy, celle qui devient son amie et sa véritable bouée de sauvetage. Grâce à sa foi dans la vie, et malgré les coups tordus que celle-ci lui réserve, Katy fait preuve d’un étonnant optimisme sur lequel Héloïse peut s’appuyer, peut-être un peu trop, sans vergogne. Aucune sensiblerie pourtant dans ce récit à la première personne, mais, au contraire, une sensibilité exacerbée qui, on s’en doute, prend toute la place après un tel drame. Cette lente reconstruction d’un être en devenir ne peut que nous émouvoir sans pour autant susciter notre pitié ou une quelconque commisération. A mots comptés, sans cris, ni larmes, juste une réalité et un réalisme impressionnant, Mireille Disdero signe ici un roman pudique et extrêmement bouleversant.