L'été des lucioles
Chronique parue hier, mercredi 5 février, dans ma rubrique Lu pour vous du Dauphiné Libéré.
Un roman qui sent si bon l'enfance...
Quel plaisir de retrouver l’écriture naïve et authentique de Gilles Paris dans cet « Eté des lucioles » paru aux éditions Héloïse d’Ormesson. Avec son bandeau jaune prometteur « Cette histoire réveillera l’enfant qui sommeille en vous. » et sa couverture de pleine lune, ce roman nous ouvre les portes de l’univers de Victor Beauregard, 9 ans, qui présente la particularité d’avoir « deux mamans et un papa qui ne veut pas grandir ». Tels sont en tout cas ses premiers mots dans cette histoire. Petite présentation cependant : Victor vit à Bourg en Bresse avec sa sœur aînée Alicia, fougueuse adolescente de 14 ans, sa mère Claire, qui est libraire et blogueuse, et sa compagne Pilar, qui est peintre, tout en étant proche de son père, François, photographe. Bien que séparés alors que Victor n’avait que deux ans, ses parents n’ont jamais divorcé. Autour de Victor sont aussi présents Gaspard, son meilleur ami, et celle dont il est secrètement amoureux, Justine. Tout ce petit monde, Victor pourrait en parler dans l’histoire qu’il a décidé d’écrire tellement il y aurait à dire, tellement tous, autant qu’ils sont, sont ancrés dans la vie avec leurs caractères, leurs façons d’être. A l’exception de son père, peut-être. Un papa qui refuse de grandir, ce n’est pas donné à tout le monde ! Mais non ! Cette histoire qu’il a commencé à rédiger, Victor l’a titrée « L’été des lucioles ». Pour y raconter ce fameux été qu’il passe au Cap-Martin avec Gaspard. Cet été caniculaire où pluies sèches et orages soudains se succèdent avec une violence inouïe et où, surtout, il assiste à une invasion de lucioles. Cet été où Victor, bon gré mal gré, va apprendre le sens du verbe « grandir ».
Déjà appréciée dans « Papa et Maman sont morts », « Autobiographie d’une Courgette » et plus récemment « Au pays des kangourous », l’écriture fraîche, tendre et spontanée de Gilles Paris s’exprime pleinement dans ce nouvel opus. Toute la magie, tout le charme et l’innocence de l’enfance, ses émotions, ses questionnements, ses quasis certitudes s’y révèlent avec une authenticité impressionnante, dans un style empreint de douceur et de poésie. Comme une évidence. Au comportement étrange de son père, Victor a une explication toute faite. Pour lui, c’est clair et net. C’est comme ça et pas autrement. Il vit avec deux mamans, la vraie et celle avec qui celle-ci a décidé de vivre ? Rien que de plus naturel pour ce petit garçon de 9 ans ! A la limite, c’est même un peu les vies de familles classiques qui le surprennent ! Quant à ses descriptions des événements, ses ressentis, c’est avec une franchise totalement désarmante que Victor les partage. Les vérités qu’il doit apprendre à accepter et à gérer, c’est encore par ses yeux d’enfant que nous y sommes confrontés, nous aussi. Et ça change tout !
Avec cet « été des lucioles », Gilles Paris nous offre un roman poignant, sincère, qu’on n’a aucune envie de refermer. Jamais bandeau ne nous aura si bien interpellés !