Ma mort dans ses yeux

"Ma mort dans ses yeux", c'est le récit glaçant qu'a publié Florence Torrollion en 2021 aux éditions du Horsain pour la version papier et chez Ska éditeur pour la numérique. C'est cette dernière que j'ai lue, agrippée à ma liseuse, mâchoire serrée, souffle coupé. Véritablement en apnée et profondément bouleversée.

Ce journal de bord d'une descente aux enfers suivie (heureusement et grâce à une force de volonté immense) d'un retour parmi les vivants et porte-paroles de "ses" soeurs, c'est celui que tient Florence Torrollion lorsque, après une ultime attaque, provocation, elle part, abandonnant sa maison, ses biens, ses effets les plus personnels aux mains de "l'autre", ce mari qui n'en a que le nom, et de sa famille à lui.

Je pense que vous avez compris que ce témoignage est celui d'une femme battue, humiliée, piétinée, presque tuée par l'homme qui l'a charmée, qu'elle a aimé au point de l'épouser, qui l'a conduit insidieusement, sournoisement et violemment à sa perte et lui a fait vivre l'enfer. 

Tout commence ce soir d'avril 2014 quand Florence, permettez-moi de l'appeler par son prénom, passe la porte de sa maison, prend sa voiture et part avec son chien dont l'autre ne veut pas non plus. Page après page, semaine après semaine, mois après mois, année après année, Florence nous dit tout de son calvaire, de ses peurs, de ses déceptions, de ses incompréhensions, de son courage, de sa force et de cette volonté de s'en sortir envers et contre tous qui l'a toujours accompagnée.

Ce n'est pas un hasard si j'ai choisi de vous parler de ce récit aujourd'hui, en cette veille du 8 Mars, Journée internationale des droits des femmes. Parce que tout ce que nous décrit Florence, des milliers, des millions de femmes dans le monde l'ont vécu, le vivent encore. Certaines, trop nombreuses, y laissant leur vie. Combien de féminicides faudra-t-il encore pour que cela cesse? On s'émeut, on déplore à chaque fois que cela se produit, on compte chaque année le nombre de femmes tuées sous les coups de leurs conjoints ou ex-compagnons. Et puis on passe à autre chose.

Alors pour ne pas que ces femmes soient mortes pour rien, pour leur refuser l'oubli qui les engloutit les faisant mourir une seconde fois, pour que le destin tragique de Florence cesse enfin d'être celui de trop nombreuses victimes, celle-ci a décidé d'en faire son combat au quotidien soutenue dans ce militantisme par l'association Solidarité Femmes. 

Et moi, demain, comme tous les jours, je serai là, présente pour elles et pour leurs enfants, victimes eux aussi à leurs corps défendant. Et aujourd'hui je vous invite à vous procurer très vite ce récit, à le lire et à vous mobiliser également. Merci.