La démence sera mon dernier slow
Il y a bien longtemps que je n'ai pas autant ri en lisant un recueil de nouvelles et j'en remercie à la fois son auteur, Arnaud Modat, et son éditeur, Paul & Mike, pour l'avoir suivi dans son (ses) délire(s) littéraire(s) et son art consommé de ce genre. C'est un recueil que j'ai très envie de défendre et j'espère bien en avoir l'occasion.
Le titre de ce recueil annonce la couleur. Pas d'histoires convenues, pas de grands faits d'armes, pas d'attente à avoir ici. Seulement le plaisir de se laisser surprendre, d'espérer une chute qui ne vient pas ou qui est venue sans qu'on y prenne garde et nous interpelle après coup "Mais c'est bien sûr!"
J'ai retrouvé dans ces nouvelles l'humour froid, glaçant, glacial même que mon cher Desproges savait manier à merveille. Du cynisme, de la dérision, de l'autodérision (la meilleure à mes yeux) et la bonhomie, la clairvoyance, les savants jeux de mots que, seul jusqu'à présent, nous avait offert le grand Devos.
Ce recueil, c'est une légère inquiétude. Qu'est-ce que l'auteur va nous raconter maintenant? Va-t-on se laisser prendre au piège de son écriture si bien maîtrisée? Où veut et va-t-il nous emmener? Nulle part, a-t-on l'étrange impression et pourtant on se laisse guider, on avance petit à petit, et on rit. On rit. Beaucoup. C'est tellement inattendu, évident, qu'on se sent tout penaud de ne pas y avoir pensé.
Ce recueil d'Arnaud Modat est spécial. Je ne peux pas dire le contraire. Et d'une qualité littéraire rare, toute en finesse et subtilités. Le nouvelliste possède l'art et la manière en effet de mettre en avant ce qui aurait le don de nous agacer, voire plus, et de nous en montrer toute l'insignifiance. De quoi nous aider à relativiser et nous rappeler l'essentiel.
Et qu'y-a-t-il de plus essentiel que de rire?