Ce qu'il faut de nuit

Publié le par Martine

Ce qu'il faut de nuit

Troisième roman lu pour le Prix littéraire La Passerelle 2021 organisé pour la 9e fois par notre réseau de lecture publique et premier pour la session annuelle de l'association des 68 premières fois et gros, gros, gros coup de coeur pour "Ce qu'il faut de nuit" de Laurent Petitmangin paru chez La Manufacture de livres.

Ce premier roman paru l'an dernier est, pour moi, à la fois une découverte bouleversante et une histoire d'hommes au pluriel. Trois hommes, un père et ses deux fils, Fus (Frédéric) l'ainé et Gillou, qu'il élève seul depuis la mort par maladie de son épouse et "Moman" des garçons. Dans leur petite ville de Lorraine, il y a le travail de ce père, cheminot, qui constitue le seul revenu nourricier du trio, son engagement militant dans la section locale du Pari Socialiste et le foot où il accompagne ses fils pour leurs matchs. D'ailleurs le surnom de Frédéric vient de là "Fus" c'est le Fuss allemand, le pied, le foot.

Cette histoire, c'est le père, qui nous l'offre comme un témoignage, un constat. Ce qui a été, ce qui est et ce qui advient. Comme une sorte de fatalisme ou de fatalité. Malgré l'éducation, malgré tout l'amour, toute l'affection (même exprimée avec maladresse) qu'il porte à ses enfants, ce double rôle qu'il assume du mieux qu'il peut, avec ce qu'il est, sa personnalité, ses attentes, ses espoirs placés en eux et sa sensibilité. Un sentiment commun, que je partage volontiers et encore plus à présent que tous mes enfants sont adultes, l'impression d'avoir fait tout ce qu'on pouvait pour les éduquer selon nos normes et nos valeurs et les questions qui nous submergent quand l'un d'eux prend une voie différente, nous renvoie dans nos cordes, nous blesse parfois (souvent?) et nous laisse à penser qu'on a raté quelque chose. Mais quoi? A quel moment a-t-on failli en tant que parent? 

Ce roman nous fait partager la vie de cet homme. Et c'est beau. C'est fort. C'est grand. Immense. Dans ce quotidien masculin, j'ai eu un peu de mal à entrer. Mais assez vite, je me suis laissée prendre à ce récit. Je m'en suis émue,. Et il m'a submergée. Au sens propre comme au figuré. J'ai laissé couler mes larmes sans chercher à les retenir parce que, même si ça fait mal, ça fait du bien. C'est assez complexe à expliquer. Ma psy le ferait bien mieux que moi, j'en suis convaincue.

Quand les bibliothécaires nous ont présenté ce roman mi-janvier, ils nous ont prévenu. "Ne prévoyez rien après." Et c'est vrai. J'ai planifié mon temps de lecture. Ce roman est assez court du reste et il se lit très rapidement grâce à l'écriture simple, délicate et authentique de Laurent Petitmangin. Cela fait déjà trois jours que je l'ai lu et il est là, encore, me nouant la gorge, m'interrogeant, me faisant monter une larme au coin des yeux à sa seule évocation. Je ne sais pas combien de temps il va rester en moi. Mais très longtemps, j'en suis sûre.

Ce qu'il faut de nuit
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P
Contente' que tu l'aies beaucoup aimé ! Coup de cœur pour moi aussi !
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M
Comment peut-il en être autrement? :-)
M
Il est déjà noté dans mon carnet mais je ne l'ai pas encore lu ! Aussi je lis ta chronique avec grand plaisir aujourd'hui...Merci pour ton ressenti ! Les lycéens ont du goût et j'aime souvent leur sélection...
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M
Si tu peux, réserve-le vite à ta médiathèque!
P
J'en ai déjà entendu parler, mais pas encore lu. Merci pour cette belle critique.<br /> Gros bisous, Martine, et bonne fin de journée.
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M
Toi qui cherche des lectures courtes, n'hésite pas, chère Denise. Je suis sûre que tu l'apprécieras autant que moi. Gros bisous et bonne soirée!
P
J'ai déjà vu passer ce livre plusieurs fois. Sinon, je ne connais pas l'auteur et je n'ai pas encore lu son roman.
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M
Je ne peux que t'encourager à le lire à ton tour. Bonne soirée!