Une apparition
Il est des lectures qui tombent parfois à point nommé. Parce que c'est le bon moment. Ce roman-témoignage de Sophie Fontanel, paru chez Robert-Laffont en 2017 est de ceux-là.
Une apparition, c'est celle que l'écrivain journaliste découvre en ce jour d'été, ces racines qui réapparaissent à peine trois semaines après sa dernière coloration. D'abord contrariée, Sophie Fontanel se surprend alors à laisser faire et décide, comme ça, d'un coup, presque sur un coup de tête, de ne pas chercher à cacher ces petites racines et, au contraire, de les garder telles quelles et même de les encourager à grandir, à pousser, à s'installer. Et de fait ce qui n'a pu être au départ qu'une impulsion finit par devenir une décision mûrement réfléchie, pleinement assumée, tout en prenant en considération les avis des uns et des autres, et en leur demandant simplement de respecter son choix.
Ce roman-témoignage nous expose l'avancée pas à pas de la pousse de ses cheveux blancs, la "bi-colorité" à endurer avant d'obtenir un résultat correct et acceptable aux yeux de tous, y compris aux siens. Un parcours qui s'étale sur plusieurs mois et que Sophie Fontanel nous livre avec beaucoup de pudeur, de sensibilité et d'honnêteté. Et c'est bien ce qui m'a le plus plu dans cette lecture.
Mais pourquoi donc ai-je attendu 3 ans avant de lire cet ouvrage, dans ma PAL depuis tout ce temps? Je pense que vous l'avez deviné.
En fait quand ce roman (c'est ainsi que les éditions Robert Laffont le présentent) est paru, l'idée m'est venue de ne plus faire de couleurs. Mais sans jamais aller au bout de cette initiative. Jusqu'à ce mois de mars dernier quand nous sommes entrés en confinement. Jusqu'à présent toutes les 4 ou 5 semaines, j'allais chez ma coiffeuse arranger ma coupe, retailler ma frange et refaire ma couleur, essentiellement sur les racines. Mon dernier rendez-vous programmé était pour le 21 mars. Bien sûr je n'y suis pas allée. A ma grande contrariété. Tentant d'arranger comme je pouvais cette coupe qui avait besoin d'être rafraîchie.
Et puis, le confinement durant, j'ai commencé à me faire une raison. Dans un premier temps, c'est la frange que j'ai "balayée" sur le côté (je ne me suis pas risquée à la couper moi-même ni à demander à mon Cher et tendre de le faire). Puis, ces racines blanches qui se voyaient de plus en plus (je ne voyais qu'elles en fait!) ont commencé à moins me gêner, et même à me plaire. Un peu. Et, petit à petit, les jours passant, arrivant de mieux en mieux à me coiffer, la décision s'est imposée. J'arrête là les couleurs et laisse faire la nature. A bientôt 60 ans (dans 3 ans), il est temps d'assumer ces années passées et mon âge sans plus tricher.
Alors, oui, je sais que le chemin sera long. Sophie Fontanel m'a bien prévenue. Mais je suis prête et, pour l'instant, je tiens bon, même si c'est pas joli joli, plutôt moche d'ailleurs. Je me dis que le résultat en vaudra certainement la chandelle.
Et vous, Mesdames? Etes-vous couleur ou naturelle?