Jeuditalie : Brève histoire de la littérature rose
Vous l'aurez peut-être remarqué. J'apprécie de lire de temps à autre des romans, ou plutôt des romances, des histoires d'amour courues d'avance, ce que l'on a souvent tendance à qualifier de sous-littérature. Aussi, quand j'ai eu connaissance de ce petit ouvrage que Patrizia Violi vient de publier chez Graphe, son titre m'a de suite interpellée et je me suis empressée de le lire. D'abord parce que l'auteur ose parler de littérature pour nommer ce genre littéraire et ensuite par curiosité, pour voir comment elle allait aborder ce sujet.
Et, ma foi, je trouve qu'elle s'en sort vraiment bien.
Certes je savais déjà que cette littérature répond à un cahier des charges bien précis et que les histoires se déroulent toujours plus ou moins de la même façon. Une jeune femme, entre 25 et 30 ans, échaudée par une histoire d'amour qui s'est mal terminée et qui a juré "qu'on ne l'y reprendrait plus". Et un jeune homme, entrepreneur ou jouissant d'une bonne situation professionnelle, souvent arrogant, pour mieux cacher son petit coeur tendre. Et bien sûr quelques rebondissements ou empêcheurs de s'aimer de suite et le tour est joué. La qualité s'appréciant alors dans le talent de l'auteur et sa capacité à imaginer et à doser ses effets.
Ce que je ne savais pas, par contre, c'est que cette qualification de rose est venue directement d'Italie, par la couleur dominante des couvertures choisies pour ces romances par la maison Harmony (filiale de Mondadori à l'origine et aujourd'hui repris par Harper-Collins) qui a importé les premiers romans Harlequin en 1981. Auparavant ces romances existaient déjà mais sans collections définies et sans couleur attitrée.
Je ne savais pas non plus que les fameux romans Harlequin étaient d'origine canadienne. Pour moi, jusqu'à présent, c'était un pur produit des Etats-Unis!
En 2019, cette littérature s'est vendue à plus de 2 millions 1/2 d'exemplaires que ce soit en livres papier ou numériques. Un véritable marché où la concurrence est rude et où il faut savoir innover, notamment en y ajoutant quelques scènes "osées", érotiques et/ou suggestives.
Ces romances sont rassurantes, nous dit aussi Patrizia Violi. On sait que, quoi qu'il s'y passe, tout se terminera bien. Et à une époque chargée d'inquiétudes et de craintes comme celle que nous connaissons, "y'a pas de mal à se réconforter" comme aurait dit ma chère grand-mère. Et si cela se fait à travers la lecture, moi je dis OUI!