Le traître
Eh bien voilà. C'est fait. J'ai enfin regardé ce film de Marco Bellocchio, Le Traître, grâce au service VOD de notre réseau de lecture publique de Valence Romans agglo. Et quel film! J'en suis encore abasourdie, toute estomaquée!
Le traître, c'est Tommaso-Masino Buscetta, magistralement interprété par Pierfrancesco Favino, mafieux repenti qui a "donné" les principaux noms de la mafia sicilienne, la Cosa Nostra, au juge Falcone avant que celui-ci ne soit littéralement pulvérisé.
J'avais déjà vu "57 jours" qui retrace les dernières semaines du juge Borsellino après qu'il a repris ce fameux dossier laissé par son ami le juge Falcone. Ce film interprété brillamment aussi par Luca Zingaretti (mon commissaire Montalbano par ailleurs) m'avait déjà beaucoup impressionnée. Mais là, mon ressenti est multiplié par XXX.
Buscetta n'est pas un tendre. Loin s'en faut. Il n'hésite pas à laisser ses deux fils aînés, nés d'une union précédente, en Sicile, au risque de leurs vies, lorsque, suite à son évasion de la prison de Turin où il purgeait déjà une lourde peine, il s'exile au Brésil laissant les commandes de ses affaires mafieuses aux mains de "familles" amies. Sauf que dans un milieu où l'appât du gain est plus fort que tout, l'amitié n'existe pas et l'honneur dont se targue Buscetta n'a aucune valeur morale.
Il va en faire la triste expérience lors de son extradition et retour en Italie quand il va décider de "collaborer" avec le juge Falcone pour essayer d'enrayer ce qui est devenu une surenchère du crime organisé.
Ce film m'a vraiment touchée. Par la justesse et la qualité de son interprétation. très fortes. Par son sujet bien sûr. Et par son côté impitoyable où la vie d'un être humain (homme, femme ou enfant) n'est rien au rapport de l'argent, de la puissance et du pouvoir. Alors, oui, certaines scènes sont très dures. Il faut s'accrocher et surtout ne jamais oublier que les faits sont vrais. Et c'est sûrement le plus difficile à supporter.
Ce film sorti en salles à l'automne 2019 a été primé plusieurs fois et c'est amplement mérité.