Prise de bec
Comme j'ai bien aimé la nouvelle que publient les éditions 15K en ce mois d'octobre, Les petites boutiques, j'ai cherché s'il y en avait d'autres du même auteur, Roland Goeller, et j'ai trouvé celle-ci, Prise de bec, lue par Aurélien Jarry, et publiée en décembre 2016.
Cette fois-ci, pas question de légèreté. Bien au contraire. L'action se déroule au début des années 1960, en Alsace, le narrateur a à peine plus de 7 ans et il vient de se faire reprendre par son instituteur à qui il a expliqué qu'il a oublié son livre de lecture... en allemand ou plutôt en dialecte alsacien. Ce qui est inacceptable pour l'enseignant qui "n'a pas compris", même si..., dans la mesure où une de ses missions consiste à uniformiser la pratique du français sur l'ensemble du territoire et à faire oublier leur dialecte local "parler du bec alsacien" aux jeunes générations.
Une mission d'autant plus difficile que, comme c'est le cas ici, l'enseignant lui-même doit maîtriser parfaitement cette langue française, qu'on ne peut vraiment qualifier de nouvelle mais qui a dû s'adapter selon les variations imposées par l'Histoire, celle avec un grand H.
Sur le ton de l'humour, Roland Goeller nous parle d'adaptation, de préjugés, de morale, et n'est pas sans soulever le voile sur certains comportements inexplicables aux yeux d'un enfant mais que l'Histoire justement nous a révélé.
J'ai lu ces deux nouvelles de Roland Goeller à quelques petits jours de distance et si la première m'a fait sourire et émue, celle-ci a ouvert grand la porte à ma réflexion pointant du doigt certains aspects de l'âme humaine, tout ce qu'il y a de plus humain finalement.
Une belle réflexion portée par une écriture des plus agréables.