Les premières enquêtes du commissaire Ricciardi
L'an dernier, à peu près à cette même époque, je faisais connaissance avec le commissaire napolitain Luigi Alfredo Ricciardi né sous la plume de Maurizio de Giovanni. Même si j'avais lu une enquête prise au hasard (Les Pâques du commissaire Ricciardi), j'avais été troublée de la qualité d'écriture du récit et de cette atmosphère particulière que l'auteur parvenait si bien à nous restituer.
Car ce commissaire, célibataire, la trentaine, bien mis de sa personne, outre le le fait qu'il est capable d'entendre les derniers mots exprimés par les victimes sur les scènes de leur assassinat, vit à Naples sous le régime fasciste de Mussolini à la fin des années 1920, début 1930.
Ce recueil réunit les trois premières histoires où apparaît ce commissaire singulier dans les nouvelles que de Giovanni a publié dans des revues ou recueils collectifs après le succès rencontré par les premières enquêtes de Ricciardi.
Dans la première 'L'omicidio Carosino", en 1929, il n'est encore qu'inspecteur délégué mais déjà associé au fidèle brigadier Maïone. Sur la demande pressante du questeur, il est appelé à résoudre l'enquête sur la mort par balle en plein coeur de la duchesse Carosino, proche du régime fasciste et de Musslini. Il se trouve cependant qu'avant de recevoir la balle fatale, la duchesse était déjà morte assommée d'un coup porté par derrière la tête. Y a-t-il un ou deux assassins?
La deuxième "I vivi e i morti" (les vivants et les morts) est encore plus troublante. trois meurtres se succèdent les uns aux autres en quelques jours. Un prêtre aux tendances pédophiles. Une jeune prostituée. Et un garçon de café dans l'incendie criminel du bar où il était employé. Tous trois expriment les mêmes mots et la même attitude dans leurs derniers instants. Mais quel lien peut-il bien y avoir entre ces trois personnes qui ne se connaissaient pas à priori et dont le coupable ne sera pas arrêté, sur ordre express du questeur.
Quant à la troisième et dernière nouvelle "Mammarella", elle ressemble beaucoup au roman lu l'an dernier puisqu'il s'agit aussi pour Ricciardi (devenu commissaire) sur le meurtre d'une jeune prostituée Gilda, née Maria Rosaria. J'ai d'ailleurs cru un instant que c'était la même histoire. Mais il n'en est rien, la ressemblance disparait vite. Ici l jeune et jolie Gilda, maillon essentielle de ce bordel de luxe n'avait pas envie d'en sortir et refusait toute demande de mariage que ses clients étaient tentés de lui faire. Y compris le jeune comte, fou amoureux d'elle qui avait demandé l'exclusivité de ses services et entendait la présenter sous peu à sa famille.Or ce jour-là quand il est parti, Gilda était toujours en vie. Toutes ses compagnes en témoignent. Alors est-il revenu en catimini ou Gilda a-t-elle accueilli quelqu'un d'autre en cachette?
Cet excellent recueil est introduit par un portrait du commissaire Ricciardi dressé par Aldo Putignano avec de nombreux liens et références aux romans successifs et se termine par un mot de Maurizio de Giovanni en personne qui raconte sa "rencontre" avec le commissaire et ces rendez-vous qu'ils se donnent au fil de ses enquêtes dans cette Naples oublié et pourtant encore si imprégnée de ces années-là. Tant la noirceur des crimes commis reste toujours aussi sombre.