Les fleuves

Publié le par Martine

I fiumi

I fiumi

Le 12 février 1980, une légère secousse sismique ébranle Athènes, en Grèce, et change du tout au tout la vie du jeune Stratis, 24 ans, engagé militaire. De ce jour en effet, prenant d'un coup conscience que rien n'est plus éphémère que la vie et que celle-ci peut s'arrêter d'un coup sans que rien ne nous le laisse supposer une seconde avant, le jeune homme décide alors de profiter pleinement de chaque instant, osant tout, savourant les moments intenses comme les plus reposants. A commencer par l'amour qu'il porte à Eleni, amour partagé et vécu selon les convenances encore assez rigides de l'époque et que tous deux vont allègrement envoyer promener, vivant leur amour au jour le jour dans les pays successifs où la vie les emmènera dans un joyeux esprit bohème.

Si le parcours de la narratrice n'est pas tout à fait similaire, de nombreux points communs le rapprochent de celui de Stratis. Vivant dans la région du Basilicate au sud de l'Italie, c'est en Grèce qu'elle donne rendez-vous au jeune homme que ses parents lui ont choisi comme futur mari. C'est là, en effet, et seulement là qu'elle acceptera cette demande en mariage conventionnelle, affirme-t-elle à ce fiancé et à ses parents qui lui offrent le voyage. Sauf qu'elle n'a aucunement l'intention de se rendre en Grèce et que cet argent lui permet d'abord de payer son trajet vers le nord de l'Italie, Rome puis Milan où elle commence à étudier avant de suivre de joyeux compagnons qui partent travailler en France pendant l'été. 

Or elle n'a pas plus envie de travailler que de se marier et au gré de rencontres amoureuses ou amicales va également parcourir le monde pendant de longues années. 

L'originalité de cette nouvelle signée Mariolina Venezia réside dans ces deux parcours quasi identiques qui s'évoquent l'un l'autre sans jamais se croiser ni se rencontrer jusqu'au moment ultime. Comme deux fleuves parallèles gonflés par l'apport de rivières, dont les tracés ne se touchent jamais, ne se mélangent pas avant de se jeter finalement dans la même immensité maritime.

J'ai beaucoup cette lecture sur ces jeunes hippies (car c'est bien ce qu'ils sont) en me demandant quand même quel lien pouvait bien réunir Stratis et la narratrice et à quel moment ils allaient se rencontrer. Quand l'un s'arrête dans une ville, l'autre vient d'en partir ou va y arriver quand le premier aura déjà pris une autre destination. Toujours il se trouve quelqu'un pour évoquer le nom de l'autre sans qu'ils parviennent à se connaître. 

Deux histoires, deux parcours semblables, une résonance et ... ainsi va la vie...

Les fleuves
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M
Ils rêvaient juste de liberté et semblent avoir tout mis en oeuvre pour l’approcher...
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M
C'est ce qui transparait en effet :-)