Les billes du Pachinko
Claire, 30 ans, Suisse par son père, retourne en vacances au Japon, à Tokyo, là où vivent ses grands-parents, Coréens, et où elle n'est pas retournée depuis plusieurs années. Ces vacances, elle les a voulues, prévues avec son compagnon Mathieu, professeur chercheur, afin d'organiser au mieux, une fois sur place, le voyage retour souvenir en Corée de ses grands-parents qui n'y sont jamais retournés depuis qu'ils ont fui leur pays natal. Mais au dernier moment, Mathieu ne peut pas venir et Claire part seule.
Pour rester proche d'eux, et de la culture de sa mère, leur fille, Claire a appris le japonais, langue que ses grands-parents n'emploient jamais bien que son grand-père, à 80 ans, continue de gérer un Pachinko, établissement de machines à jeux qui se présentent comme un flipper vertical et se jouent avec des billes. D'autre part, afin de ne pas rester inoccupée pendant tout ce mois d'août dédié aux préparatifs de ce grand voyage prévu pour septembre, Claire a accepté de donner des cours de français à une fillette de 10 ans, Mieko. Dès son arrivée, elle se présente à l'appartement de l'enfant pour faire sa connaissance et celle de sa mère. Dès lors, la jeune femme va partager son temps entre ses visites chez Mieko, les sorties et activités qu'elles partagent et ses grands-parents, regardant de loin oeuvrer son grand-père, âgé, dans son Pachinko, et s'efforçant de tenir compagnie à sa grand-mère sans trop de conviction. D'autant que ce retour aux sources ardemment souhaité, croit Claire, ne l'est peut-être pas vraiment par ses grands-parents...
J'ai lu ce roman, deuxième d'Elisa Shua Dusapin, paru aux éditions Zoé et comptant pour la sélection du Prix littéraire La Passerelle, dimanche après-midi. Et depuis, je reste confuse sur mon ressenti, ne sachant dire si j'ai aimé ou pas cette histoire. Ce qui est sûr, c'est que j'ai apprécié la très belle écriture de l'auteur, fluide, précise, nette, au vocabulaire riche et élégant. Tout comme j'ai aimé le style emprunté, avec des phrases courtes, des chapitres courts, donnant un rythme soutenu au récit.
Je me suis aussi volontiers laissée prendre par cette histoire de retour aux sources qui se trompe de destinataire. Ce voyage en Corée, c'est bel et bien pour elle que Claire veut l'effectuer, pour y retrouver ses racines maternelles et peut-être ainsi recréer ces liens si fragiles qui se sont comme émoussés avec le passage du temps.
Mais j'ai un peu le sentiment d'être passée à côté de quelque chose, d'avoir manqué ce rendez-vous, de la même façon que Claire a l'impression d'avoir manqué sa rencontre avec Mieko. La mélancolie qu'elle porte avec elle, l'agacement éprouvé envers sa grand-mère, ses efforts pour le cacher et faire en sorte que celle-ci ne s'en rende pas compte, les interdits que la mère de Mieko lui impose et que Claire ne comprend pas vraiment, tout ceci m'a un peu agacée et empêchée de rentrer vraiment dans l'histoire... malgré les superbes descriptions de Tokyo, de la vie et de la culture japonaise et asiatique.