Ana et le temps d'aimer

Publié le par Martine

Ana et le temps d'aimer

Depuis que j'avais refermé "Les folles années d'Ana" fin 2017, je n'avais qu'une envie : retrouver au plus vite cette jeune femme vive, dynamique, fougueuse, non épargnée par le destin et dont la fin du roman laissait espérer une suite. 

Cette suite est parue en septembre dernier, toujours aux éditions De Borée et toujours sous la plume alerte de Marie-Claude Gay. Mais, une Pile à lire qui n'en finit pas de grandir (en français ET en italien!) et d'autres engagements littéraires ont fait que j'ai dû patienter un peu plus avant de retrouver cette belle héroïne (belle dans tous les sens du terme). Pour mon plus grand bonheur de lectrice!

En ce mois d'août 1923, Ana s'apprête à embarquer pour Ushuaïa et l'Amérique du Sud où Léo, son jeune époux, lui fait la surprise de l'emmener afin qu'elle renoue avec sa famille et que leur union y soit célébrée religieusement. Entre deux escales qui leur font découvrir Dakar (et rappellent à Ana la dure condition des esclaves d'Afrique en partance pour l'Amérique) ou encore le lac Rose, la traversée d'une durée de trois semaines environ est l'occasion pour le couple de faire la connaissance des autres passagers parmi lesquels des artistes ou écrivains qui passeront bientôt à la postérité.

Heureuse de retrouver ses proches, Ana l'est assurément. Mais elle a aussi dans ces lieux un souvenir qu'elle souhaite effacer de sa mémoire à tout prix et qui fait qu'elle est tout aussi heureuse de repartir en France et de retrouver la maison de couture qui, après l'amour qu'elle porte à Léo, constitue sa deuxième raison de vivre.

On pourrait penser alors, à tort, que tout va bien aller à présent pour Ana et que les dures épreuves vécues auparavant sont désormais bel et bien derrière elle. Mais c'est compter sans les soubresauts du destin que Marie-Claude Gay sait si bien mettre en scène! 

De retour en France, Ana découvre que sa maison de couture est passée aux mains d'un indélicat. Ce qui l'amène à ouvrir une boutique à Deauville où elle va faire une terrible découverte. Réfugiée à Bordeaux, la jeune femme a bien du mal à reprendre pied. Elle ne croit plus en rien et plus rien ne semble compter pour elle désormais. Enfin... presque plus rien. Car l'imagination de Marie-Claude Gay se révèle alors dans toute sa splendeur et Ana n'a pas encore fini de nous surprendre. Dans ce grand trou noir dans lequel elle s'enfonce, une petite lueur va bientôt briller. Qui va la forcer à se relever et à avancer. Coûte que coûte. Jusqu'au bout.

Et voilà comment certains regrets s'imposent. Celui de ne pas avoir lu ce roman plus tôt, notamment. Car il m'a vraiment passionnée de la première à la dernière page, emportée comme je l'ai été par l'écriture fluide, sensuelle et dynamique de Marie-Claude Gay.

De l'embarquement sur le Massilia, en passant par la traversée et les rencontres avec des personnalités du monde musical et littéraire qui nous font découvrir ces noms d'une autre manière, le retour en France et ses désillusions, la lente reconstruction jusqu'à la fin totalement inattendue, c'est un formidable portrait de femme que nous offre Marie-Claude Gay. Une femme attachante, généreuse, authentique et bouleversante. Une femme combattante qui parvient à se relever et à se battre encore pour ses rêves et ce en quoi elle croit même quand tout contribue à la faire rester à terre. Une femme belle à tous points de vue.

Et ces retrouvailles avec Ana nous sont contées sur un rythme soutenu, alternant entre des périodes de calme (relatif) nécessaires au récit et des phases où tout s'emballe, s'accélère et nous bouleverse selon les intrigues nouées par l'écrivain. Nous offrant ainsi un roman passionnant, vibrant, riche en émotions et porteur de cet espoir, infime parfois mais toujours présent.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article