La rete di protezione
Puisqu'il est question de voyager dans les îles (Sardaigne, Sicile...) aujourd'hui pour la Semaine italienne, je vous propose de me suivre jusqu'à Vigata en Sicile, ville imaginée par Andrea Camilleri et où réside mon cher commissaire Montalbano. C'est donc là que se déroule cette avant-dernière enquête "La rete di protezione" traditionnellement publiée chez Sellerio et que l'on peut traduire par "Le réseau de protection". Mais de quel réseau s'agit-il?
Depuis quelques semaines, la commune de Vigata est en émoi. Depuis exactement le jour où est arrivée une équipe de cinéastes suédois venue tourner un film à l'occasion du jumelage instauré entre Vigata et son homologue suédoise. Ce qui ravit Montalbano, c'est que ce soit son amie Ingrid qui soit chargée de traduire de part et d'autre les échanges entre Suédois et Italiens Siciliens. Ce qui le contrarie au plus haut point par contre, c'est la gêne occasionnée par ce tournage à tous les niveaux et le fait qu'il ne se passe rien d'autre à Vigata. Pas la moindre affaire à résoudre pour le commissaire si ce n'est d'arranger, à sa façon, les démêlés entre le réalisateur du film suédois et le commissaire adjoint Mimi Augello qui n'a rien trouvé de mieux à faire que d'avoir une liaison avec l'actrice principale, qui n'est autre que la fiancée du réalisateur!
Aussi quand l'ingénieur Sabatello vient le voir avec des vieux films Super 8 tournés dans les années 1950 et retrouvés pour la collecte de documents anciens devant servir à présenter l'histoire de Vigata lors de la signature du jumelage, la curiosité du commissaire est éveillée par le fait que ces films montrent toujours la même chose, année après année sur une période de 5 ans, fixant le même mur vide, au même endroit, à la même date. N'ayant rien de mieux à faire, Montalbano et l'inspecteur Fazio effectuent quelques recherches sur cette période. Cependant l'ingénieur partant en déplacement, le commissaire en profite pour prendre quelques jours de vacances auprès de sa fiancée Livia, à Gênes, loin de toute cette frénésie qui règne à Vigata.
Mais son séjour est de courte durée quand un reportage télévisé l'informe d'un acte terroriste à l'école Pirandello où étudie le fils d'Augello et filleul du commissaire, Salvuccio, et ayant même eu lieu dans sa classe. Rentré aussitôt à Vigata où règne une cellule de crise, Montalbano va tout mettre en oeuvre pour découvrir qui sont les auteurs de ce qui ressemble fort à un attentat. Une enquête qui va le mener "à mer ouverte" physiquement et virtuellement et qui va aussi lui permettre de résoudre l'énigme confiée par l'ingénieur Savatello.
Encore une fois je me suis passionnée par cette histoire, toujours très étonnée de voir à quel point l'écrivain nonagénaire Andrea Camilleri parvient à coller à l'actualité et à tout ce qui y est relié en termes d'attentat, de terrorisme, mais aussi de réseau Internet et de sa complexité, et surtout de harcèlement scolaire.
J'ai aimé les difficultés que cette modernité et cette complexité opposent au commissaire. J'ai apprécié également que Mimi soit beaucoup plus présent et actif dans cette enquête. Et bien sûr j'ai savouré certaines scènes et dialogues hilarants entre Montalbano et l'agent Catarella qui, lui aussi, grâce à ses talents en informatique et dans le monde du virtuel, va prendre sa part dans la résolution de cette enquête.
Un seul petit bémol peut-être : je souhaite bon courage au traducteur car ce roman est le premier que Camilleri, devenu aveugle, a entièrement dicté et j'ai trouvé ce récit beaucoup plus oralisé que les précédents, d'où une difficulté supplémentaire pour la traduction, je pense.
Il n'en demeure pas moins que cette lecture m'a comblée et je n'hésite à la compter également pour le challenge Polars et thrillers chez Sharon.