La plage dans la nuit

Journée "spéciale Elena Ferrante" ce vendredi pour la Semaine italienne. Et pour ne pas évoquer encore la série "L'amie prodigieuse" (dont l'adaptation télévisée du premier tome sera diffusée sur la RAI 1 prochainement), j'ai choisi de vous présenter cet album jeunesse écrit par l'écrivain napolitaine, paru en 2007 sous le titre original "La spiaggia di notte" et dans sa traduction française d'Elsa Damien "La plage dans la nuit" chez Gallimard Jeunesse en 2017. 

Mati est une petite fille qui ne voit son père que lors des fins de semaine qu'elle passe en sa compagnie. Ce jour-là, lorsqu'il vient la chercher, la fillette joue sur la plage avec sa poupée, Celina, dont elle ne se sépare jamais, a fait sa confidente et avec qui elle passe la majeure partie de son temps le jour et encore plus la nuit.

Or, ce jour-là, quand son père arrive, il a un cadeau pour Mati : un joli chaton, tout petit, tout mignon, que la fillette adopte d'emblée en le nommant "Minou" en délaissant sa poupée chérie au point de l'oublier sur la plage au moment de rentrer à la maison.

Et voilà Celina la poupée à même le sable, tremblante, apeurée et surtout ne voulant pas admettre cet abandon inattendu. Mais le soir tombe, la nuit s'installe et Celina doit alors affronter bien des tourments car, dans l'obscurité, les objets inanimés oubliés prennent vie, des alliances se créent pour échapper au Monstre cruel du coucher de soleil et de son fidèle ami le Grand Râteau qui, chaque soir, reviennent sur la plage pour ramasser et emporter tout ce qui y traîne. 

Heureusement, la nuit ne dure qu'un temps et dès le lendemain, Mati revient au bord de la mer à la recherche de Celina qui lui a vraiment trop manqué. Leurs retrouvailles n'en sont alors que plus belles!...

Je ne savais pas, avant de tomber sur cet album, qu'Elena Ferrante avait aussi écrit pour la jeunesse. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle y réussit parfaitement. L'histoire est originale tout en étant parfaitement plausible. Et l'aventure vécue par la poupée Celina en parait d'autant plus réaliste et authentique. Les magnifiques illustrations (assez impressionnantes d'ailleurs pour certaines) de Mara Cerri y sont aussi pour beaucoup. La nuit, tout change d'aspect et ce qui parait bien anodin de jour prend alors des proportions effrayantes. 

Un bel album pour se faire un peu peur et apprendre à surmonter ses angoisses, sur les émotions, la perte, le sentiment d'abandon, tout ce qui "disparaît" de notre vue lorsque la nuit vient et la joie irrépressible liée au bonheur de se retrouver quand on pensait ne plus jamais se revoir.

Et par-dessus tout, une folle aventure à partager avec Celina.