Je me souviens...
Titrer son billet du jour "Je me souviens..." et commencer par :
- Je ne me souviens plus de l'émission télévisée que je regardais ce soir-là. Sûrement une bonne émission, pour moi qui ne regarde pratiquement jamais la télévision. Mais...
- Je me souviens que c'était sur France 3
- Je me souviens de ce flash d'informations de suite après
- Je me souviens de ces premières images
- Je me souviens de ces lieux : Paris, le Stade de France, le Bataclan, la rue de Charonne
- Je me souviens de mon incrédulité
- Je me souviens de mon incompréhension
- Je me souviens m'être souvenu des paroles de Christophe, quelques heures plus tôt au téléphone "Je ne sortirai pas, ce soir, Maman. Je suis fatigué."
- Je me souviens être montée dans ma chambre, à la recherche de mon téléphone portable
- Je me souviens y avoir vu les plusieurs appels en absence de mon fils
- Je me souviens de ma fébrilité à le rappeler
- Je me souviens de mon soulagement, immense, au son de sa voix
- Je me souviens de ses mots, de sa peur "J'ai entendu des coups de feu. C'est effrayant."
- Je me souviens de cette nuit, longue, si longue. Combien de victimes?
- Je me souviens de ce samedi matin, de ce refus d'y croire. Et pourtant...
- Je me souviens de cet hommage rendu aux victimes le lundi soir, devant la Mairie
- Je me souviens de cette pensée, furtive, égoïste "Chris n'en fait pas partie"
- Je me souviens de ces visages fermés, graves, des larmes perlant au bord des yeux
- Je me souviens des jours qui ont suivi, des mots de Christophe "Ne viens pas, Maman"
- Je me souviens de mon angoisse quand Aurore, passant outre l'avis de son frère, est montée le retrouver le temps d'un week-end, deux semaines plus tard
- Je me souviens de ce Noël dernier, quand Christophe est rentré à la maison. Enfin...
- Je me souviens de ce bonheur, intense, de le serrer dans mes bras
- Je me souviens de ma peur, rétrospectivement, quand j'ai constaté, en juillet dernier, à quel point le studio de mon fils était proche de ce bar, rue de Charonne. 50 mètres, 60 tout au plus
Un an plus tard, je me souviens de tout, de chaque instant de ces jours terribles. Je pense à toutes ces personnes, toutes ces familles qui n'ont pas eu ma chance, de revoir un proche, un enfant, une épouse, un mari, une mère, un père...
Je me souviens et je n'oublie pas.