Ma mère, le crabe et moi
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Si, cette année pour moi, octobre fut italien, ce mois a été et est toujours aussi LE mois national d'informations sur le cancer du sein : Octobre Rose. Cette année encore, notre Comité féminin de la Drôme pour la prévention et le dépistage des cancers a organisé quelques animations dans le cadre de "du rose plein les yeux", manifestation portée par notre Fédération nationale. Et moi, j'ai lu quelques livres en lien avec cette fichue maladie. "Ma mère, le crabe et moi" d'Anne Percin, paru dans la collection Doado des éditions du Rourgue est de ceux-là. Tania, bientôt 15 ans, vit seule avec sa mère dans une petite ville d'Auvergne depuis le divorce de ses parents et le départ de son frère aîné pour une école de gendarmerie. Tania a ses copines avec qui elle partage tout ou presque, déteste la nouvelle femme de son père, n'aime pas le sport et se passionne pour les loups garous et autres monstres dont elle parle volontiers sur son blog. Une vie bien ordinaire. De son côté, sa mère, auxiliaire de vie dans une association d'aide aux personnes âgées, tient aussi un blog sur lequel elle s'invente une vie de rêve au sein d'une famille unie, avec un mari aimant et attentionné, des enfants sages et toujours prêts à se régaler des bons desserts qu'elle leur concocte... une vraie vie au pays des Bisounours! Tout ce fragile équilibre vole en éclats le jour où Tania, alertée par les différentes recherches que sa mère effectue sur Internet, comprend que celle-ci souffre d'un cancer du sein. Et que c'est même très grave. Au point que l'ablation s'impose. Tania est d'autant plus troublée et inquiète que sa mère fait comme si tout allait bien et que son père lui répète sans arrêt qu'elle doit se montrer très très très forte et être très présente pour soutenir sa mère. Commence alors une vie "entre deux" pour la jeune fille et sa mère : entre deux rendez-vous chez les médecins, entre deux chimios, entre deux interventions... Et aussi entre deux fous rires, entre deux réconforts, entre deux encouragements... Par sa jeunesse et son impétuosité, par son refus de se laisser abattre par ce "crabe" maléfique, par son obstination, par son envie de vivre aussi, c'est une véritable course contre la montre qui démarre pour Tania. Un vrai défi. Le refus d'une pitié, d'une protection particulière dont elle devrait bénéficier au prétexte que sa mère est malade. Au contraire, ce défi, Tania va le relever brillamment et dans un domaine complètement inattendu pour elle et y impliquer sa mère de manière à ce que celle-ci ne puisse faire autrement que l'affronter et le relever aussi. Ce roman d'Anne Percin est partenaire de la campagne officielle de sensibilisation de l'association "Le cancer du sein, parlons-en!". J'en ai apprécié le ton, le style, le récit et la façon unique de l'auteur d'analyser la maladie, en toute franchise, sans rien en cacher ou en atténuer, avec honnêteté et sincérité. De fait on y croit, on s'y accroche et cette lutte, ce challenge deviennent aussi les nôtres. Par ses mots d'ado, bruts de décoffrage, Tania met les pieds dans le plat et nous empêche de larmoyer, de nous appesantir. L'émotion passe. L'affection qu'elle porte à sa mère se dévoile au grand jour et elle assume. C'est beau. C'est vrai. Et notre regard en est changé.