Rencontre avec Laurent Scalèse
Laurent Scalèse, j'ai eu le plaisir de l'apprécier lors de la rencontre avec des blogueuses organisée par les éditions Belfond pendant le Salon du Livre de Paris en mars dernier et à laquelle j'ai assisté en tant que spectatrice. Puis j'aurais dû l'interviewer pendant le salon Quais du Polar à Lyon mais un empêchement professionnel m'a obligée à annuler cet entretien. Par chance, l'auteur a accepté de me rencontrer lors de ma semaine parisienne fin avril dernier et nous nous sommes retrouvés au "Café Louise" boulevard Saint-Germain pour un entretien des plus passionnants.
Comment parler autrement en effet quand ce que dit l'un rejoint complètement ce que pense l'autre? Un accord parfait s'est de suite installé entre nous. Une façon commune d'envisager la lecture et l'écriture. Des choses qui, pour moi, sont évidentes, essentielles, et qui le sont tout autant pour Laurent Scalèse.
J'ai appris ainsi que "La voie des âmes" son dernier roman objet de notre rencontre était en fait le septième qu'il publiait. Qu'après avoir enchaîné plein de petits boulots, tout en écrivant, il a eu l'occasion d'écrire un premier scénario pour la télévision, pour TF1, un véritable défi pour lui qui n'a "eu qu'une semaine pour le faire". Mais que cependant ce travail devenu régulier à la télévision lui a "appris à travailler ses personnages en profondeur, à savoir qui ils sont, d'où ils viennent et où ils vont" et cela pour tous ses personnages, principaux ou secondaires.
Que chaque roman lui demande deux à trois ans de gestation et qu'il demeure un tant soi peu sceptique face aux auteurs qui publient un nouvel opus chaque année.
Lui, tout en travaillant sur la série "Shérif" pour France 2 (que j'avoue humblement ne pas connaître) a mis "cinq ans pour faire "la voie des âmes". J'ai pris le temps de me nourrir, d’emmagasiner des émotions. Après m'être confronté à l'univers de la science-fiction et à celui du roman policier, je voulais écrire un thriller surnaturel réaliste humain. Mettre tous ces genres en harmonie. La question que je voulais poser (et qui s'impose à notre lecture), c'est : jusqu'où serait-on prêt à aller pour revoir une personne morte qu'on aime?"
A partir de ce postulat, Laurent Scalèse pose une première scène dont tout va découler. "Je ne fais pas de plan préalable, confie-t-il. Je laisse la part belle à l'improvisation." Mais pas sans travailler, corriger et retravailler son chapitre jusqu'à ce qu'il en soit satisfait. Et cela chapitre par chapitre. "J'écris le chapitre suivant seulement quand le précédent est achevé. Je n'y reviens plus dessus." précise encore l'auteur. "C'est quasiment un travail obsessionnel, du mot à mot, de l'artisanat de l'écriture. Quand je suis en phase d'écriture, j'évite toute forme de digression. Je ne perds jamais de vue mes personnages et leur histoire. J'ai la chance d'avoir mon épouse près de moi. Elle relit chaque chapitre et m'apporte son point de vue à la fois de lecteur et de femme."
Au final, on a entre les mains un roman superbe, bouleversant et très abouti en accord avec ce que souhaitait Laurent Scalèse. "Je rêvais d'écrire ce roman. Je l'ai écrit avec mon coeur et mes tripes, avec sincérité, honnêteté et de manière pleine et entière. Je suis dans l'émotion sans avoir à en rajouter." Et ça marche! Et on y est! Qu'on le veuille ou non, l'écriture fonctionne et le suspens nous tient de la première à la dernière page.