Demain
Cette semaine, pour son rendez-vous ÂmeGraphique, le Petit Carré jaune nous invite à parler et illustrer "demain" sur un choix de mots de Charlotte L'Insatiable lectrice.
Vaste sujet encore que j'ai choisi d'interpréter avec une photo de ruisseau, comme cette eau qui nous emporte on ne sait où mais inévitablement.
Avec cette photo d'eau, il me fallait un texte correspondant. Après avoir bien cherché, fouillé dans ma mémoire, je me suis souvenue de cette belle lecture faite, grâce à un ami très cher, de "Océan mer" d'Alessandro Baricco et j'y ai trouvé ce passage que je partage avec vous:
"Tu sais ce qui est beau, ici ? Regarde : on marche, on laisse toutes ces traces sur le sable, et elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grande plage et il n'y aura plus rien, plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'était jamais passé. Comme si nous n'avions jamais existé. S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. Du temps qui passe. Rien d'autre."
Ce magnifique extrait, je l'offre à Jean-Louis Deville, metteur en scène et comédien très talentueux que la maladie a fini par emporter mardi matin.
Pour ce grand Monsieur, qui n'aura plus de "demain"...