Tout l'amour de nos pères
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Aussi curieux que cela puisse paraître, moi qui affectionne beaucoup les romans du terroir, je n'avais encore jamais lu Christian Signol. Une lacune que j'ai réparée ce week-end en "avalant" ce superbe roman "Tout l'amour de nos pères" paru chez Albin Michel. Emprunté à la médiathèque du Plan située sur mon lieu de travail à Valence, ce roman a d'abord attiré mon regard par sa couverture : un ciel d'un bleu à peine nuageux tombant sur ce qui ressemble fort à un petit château. Puis, le livre en main, sa quatrième de couverture a fini de me séduire. L'histoire s'étend sur plus de deux siècles, de l'après Révolution avec les guerres Napoléoniennes jusqu'à mai 1968, et met en exergue la malédiction qui pèse sur la famille Marsac et veut que tous les fils aînés de chaque génération successive meurt au combat au service de la France. Il en est ainsi depuis Pierre Marsac, le trisaïeul fondateur de cette grande famille, devenu propriétaire du "Grand Castel" près de Bergerac en Dordogne grâce à la solde conséquente obtenue pour ses bons et loyaux services militaires sous le Premier Empire, enfant trouvé et adopté de suite par un couple de paysans qui aura ensuite encore deux enfants, dont Jules leur fils aîné de qui partira cette fameuse malédiction. Pierre Marsac, dans un souci constant de protéger sa famille conçue par son mariage avec Marie, deviendra, à force de travail et d'endurance, également médecin au service des gens de sa propriété et des villages environnants. Le flambeau sera repris par sa fille Albine, qui deviendra vigneronne mais que le destin n'épargnera cependant pas. Puis ce sera au tour d'Aurélien, petit-fils d'Albine de prendre la plume pour coucher sur papier sa vie de médecin vigneron pas épargné non plus. Et enfin c'est Ludivine, fille d'Aurélien, qui va suivre la voie de son père dans ce "Grand Castel" que toute la descendance de Pierre Marsac s'est toujours tenue à conserver en sa mémoire. Après avoir vu ses parents souffrir de la mort de son frère aîné dans les tranchées de 1914-1918, la jeune fille s'est jurée de ne pas se marier et de ne jamais avoir d'enfant pour rompre cette malédiction. Mais c'est bien connu, on ne maîtrise jamais son destin... J'ai lu ce roman pratiquement d'une traite. Commencé samedi soir, repris dimanche matin, poursuivi l'après-midi entre deux lessives et une visite chez ma mère et terminé hier soir. Sa lecture m'a bouleversée, fait découvrir plusieurs pans de notre Histoire de France avec ses dessous loin d'être reluisants, et puis des personnages aux caractères bien trempés, ancrés dans leur terre, des gens simples et généreux, qui accomplissent leur devoir quel qu'en soit le prix, des gens respectueux, honnêtes et droits. Et des paysages, des atmosphères, des ambiances, des traditions habilement servies par l'écriture fluide et sensible de Christian Signol, un auteur que je veux lire encore... Pour terminer, je vous glisserai seulement la dernière phrase de ce beau roman, celle qui a accompagné ma nuit : "Non pas pour moi, mais pour Pierre, Albine et Aurélien, tous ceux qui m'ont précédée sur cette terre et qui me sont si chers, car tout l'amour de nos pères ne nous consolera jamais de les avoir perdus."
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