Allégra
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Il y a de ces livres comme ça qui nous touchent si personnellement qu'on croirait que les auteurs les ont écrit spécialement pour nous. C'est ce que j'ai ressenti très fort en lisant cet "Allégra" que Paul Couturiau vient de publier chez Genèse Editions. Ce roman, je l'attendais. D'une part parce que je n'avais pas eu le plaisir de lire Paul Couturiau depuis assez longtemps et parce que son propos m'intriguait et m'attirait. Sans dire qu'il représente, pour moi, LE coup de coeur de cette rentrée littéraire 2014 (quoi que...), il fera très certainement partie de mon Top 5 final et en très bonne place de mon classement personnel. Il faut dire que la surprise a été totale sans parler de mon émerveillement. Michaël Dropper tombe des nues le jour où sa femme, Barbara, lui annonce qu'elle part, qu'elle le quitte. Non pas pour un autre, mais parce que ce professeur de littérature anglaise spécialisé dans les oeuvres de Lord Byron et Mary Shelley est tellement plongé dans ses lectures et ses recherches qu'il ne prête attention à rien, ni à personne autour de lui, encore moins à son épouse. Seulement Barbara ne part pas seule. Elle emmène avec elle leur fillette de 6 ans, Alexandra. Sous le choc, c'est de manière assez indifférente que Michaël accepte l'invitation de son amie bouquiniste à Florence, Caroline Darcy, qui vient de retrouver un manuscrit inédit de Claire Clairmont, soeur de Mary Shelley et maîtresse de Lord Byron, que celle-ci a écrit juste avant de mourir et dédié à sa fille Allégra, décédée à l'âge de 5 ans. C'est alors à une rencontre d'une très grande valeur que Paul Couturiau nous invite, partageant son récit entre la lecture de ce manuscrit inédit écrit plus d'un siècle plus tôt en 1878 et la vie que continue de mener Michaël Dropper en 2014 et les souvenirs et autres évocations que cette lecture réveille en lui. Je ne sais pas si j'ai lu ce roman au bon moment. Sans doute que oui puisque je l'attendais. Peut-être, inconsciemment, savais-je que sa lecture allait m'être bénéfique. En tous cas, c'est ce qui s'est produit et j'en remercie sincèrement Paul Couturiau. Après plusieurs semaines de doutes et d'errances personnelles m'ayant valu un arrêt de travail prolongé, cette lecture m'a; comment dire, dopée, redonnée l'envie de vivre et de croire à nouveau en des jours meilleurs. Car ce roman, outre le fait de nous mettre face à cet homme en pleine réflexion et reconstruction, nous met aussi en présence d'une femme, cette fameuse Claire Clairmont, une femme remarquable, à la fois forte et portée par ses faiblesses, une femme indépendante et libre confrontée aux rigidités de l'époque victorienne, une femme dont le récit m'a singulièrement émue, à tel point que j'en ai annoté presque toutes les pages pour me souvenir de ces expressions, de ces objurgations, de cette volonté et ce courage qu'elle nous insuffle à travers l'écriture de Paul Couturiau. Et en parallèle les choix que Michaël fait à Florence et ce que cette lecture lui apporte à lui aussi et qui le fait grandir. Un roman magnifique, une lecture merveilleuse, voilà ce que je peux dire de cet "Allégra". Mais surtout une formidable leçon de vie et, ça, il n'y a pas de mot pour le décrire. C'est unique.