Les montagnes chantaient la liberté

Publié le par Martine

Les montagnes chantaient la liberté

Quel meilleur jour que ce 8 mai aurais-je pu choisir pour vous parler du dernier roman d'Hélène Legrais "Les montagnes chantaient la liberté" paru chez Calmann-Lévy dans la belle collection France de toujours et d'aujourd'hui.

Alors que partout s'organisent de belles cérémonies de commémoration de la signature de l'Armistice du 8 mai 1945 et que résonne, dans nos villes et villages, le "Chant des Partisans" si bien nommé, ce roman d'Hélène Legrais trouve un troublant écho quelques 69 années plus tard.

Après avoir dû quitter en catastrophe la capitale et la Sorbonne où elle étudiait et où elle a pris part au côté des étudiants à la manifestation d'opposition à l'Occupant allemand du 11 novembre 1940, la jeune et belle Amédine a trouvé refuge dans ses Pyrénées natales et plus précisément chez son grand-père à Font-Romeu. Là elle occupe son temps entre le service en salle qu'elle partage avec sa cousine dans le restaurant de sa tante. Mais son tempérament fougueux a bien du mal à supporter la présence allemande et notamment l'attention que lui porte l'Oberleutnant Friedrich, pour qui sa blondeur naturelle, son charme discret et sa solitude évoque si fort la Loreleï, cette sirène mystérieuse qui attirait inexorablement les marins sur le Rhin. Pour échapper à ses tentatives d'un impossible rapprochement, et pour sauver la mise à son meilleur ami Vincent, attiré par les hommes, Amédine laisse croire à tous que leur amitié a cédé la place à l'amour... même s'il n'en est rien. Et pour cause!

Ayant eu connaissance de l'existence de filières aidant notamment les personnes de confession juive à passer la frontière et à trouver refuge en Espagne, Amédine n'écoute que son coeur et se lance à son tour dans cette Résistance discrète, forgeant ainsi l'admiration de son cher grand-père.

Mais outre les risques que cet engagement lui fait prendre, un plus grand encore se présente bientôt lorsque, courant 1943, Daniel Weber, le beau Daniel dont toutes les étudiantes étaient amoureuses à Paris, y compris Amédine, se pointe à Font-Romeu. Sans nouvelles de ses parents arrêtés lors de la Rafle du Vel d'Hiv en juillet 1942, le jeune homme espère trouver le salut dans ces montagnes pyrénéennes et retrouver ainsi la belle Amédine...

Depuis que je lis les romans d'Hélène Legrais, je n'ai jamais été déçue. Tous, chacun dans leur genre, m'ont émue, fait trembler, espérer, pleurer, rire. Toujours. Mais celui-ci. Ah! Celui-ci! C'est différent. Par la page d'Histoire qu'il met à jour. Même si j'en connaissais l'existence, sous la plume d'Hélène Legrais, ces hauts faits de Résistance prennent une tout autre dimension. On vibre au côté d'Amédine. On s'inquiète. On s'alarme. On s'insurge. Plus que l'amour porté au beau et touchant Daniel, on s'émeut de la force de l'engagement que prend la jeune femme pour simplement porter assistance à des personnes moins bien loties qu'elle. Alors on s'interroge. C'est certainement aussi le but de l'auteur. Qu'aurions-nous fait en de telles circonstances? Impossible, pour moi, d'y répondre, n'ayant pas eu à être confrontée à cette décision. Mais cette force, cette volonté, cet engagement suscitent mon admiration sans bornes. Et entre la Loreleï et le Chant des Partisans, c'est tout un monde secret qui se dévoile, qui nous bouleverse et force notre respect.

"Les montagnes chantaient la liberté" et aujourd'hui, plus que jamais, après cette lecture, nous chantons avec elles.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article