Tous ensemble, mais sans plus
Ouvrir un recueil de Georges Flipo, c’est comme retrouver un ami et l’écouter nous conter des bonnes nouvelles, voire d’excellentes ! Nous tombons forcément sous le charme.
Et tel est bien encore le cas avec ce nouveau recueil paru aux éditions Anne Carrière « Tous ensemble, mais sans plus ». Le charme agit immédiatement et les nouvelles, très bonnes et même excellentes, s’enchainent les unes après les autres pour notre plus grand bonheur de lecteur et uniquement…
« Tous ensemble », nous le sommes. La vie en société, en collectivité, en entreprise, dans nos loisirs ou simplement par notre voisinage nous y contraint, bon gré mal gré, entrainant du coup cette restriction émise par l’auteur « mais sans plus », comme une évidente évidence.
Démonstration en quatorze leçons. Heu ! Quatorze nouvelles ! « Le club Vie Intense » nous promet une retraite active des plus dynamique et même encore plus performante. Faut-il y croire ? « Tous ensemble, mais sans plus » nous fait voir l’envers du décor d’un entretien d’embauche, version couleur sombre… « Changement de look » ouvre des perspectives d’évolution professionnelle inattendue à une jeune secrétaire. « Les choses du marais » nous démontre que, même avec beaucoup d’amour, changer de classe sociale ne se fait encore pas si aisément. Et ainsi de suite… l’auteur de ces quelques lignes pourrait vous les égrener toutes, ces bonnes nouvelles. Mais où serait votre plaisir de lecteur en ce cas ?
Non. Le plus simple est de vous rappeler le style alerte, un brin provocateur, un brin fataliste, de Georges Flipo. Un style que l’on retrouve toujours égal à lui-même, et davantage, que ce soit à travers ses recueils de nouvelles (on se souviendra pour l’occasion de son fabuleux « Qui, comme Ulysse » déjà publié chez Anne Carrière) ou encore dans ses romans. Personne n’a oublié son fameux « Le film va faire un malheur » ni même les enquêtes doublées d’humour de la commissaire Viviane Lancier dont il est le père biographique et talentueux.
Ce style, unique, dont Georges Flipo sait user à très bon escient pour nous divertir et nous alerter sur les bienfaits et les méfaits du « bien vivre » en société, nous l’apprécierons encore pleinement avec « La maitrise de la langue », douzième nouvelle de ce recueil dans laquelle le comique de situation le dispute au dérisoire et nous émeut au-delà du possible. Le tragique rôde et nous atteint là où on ne l’attend pas. Bien sûr…