Petits meurtres chez ces gens-là
Avec « Petits meurtres chez ces gens-là » paru aux Presses de la Cité, Dulle Griet signe le premier volume de ce qui est appelé à devenir une série d’enquêtes policières « les Mystères de Bruxelles ». Premier de ces « Mystères », le nom de l’auteur qui signe son roman sous un pseudonyme, nous offrant ainsi une première énigme à tenter d’élucider.
Deuxième de ces « Mystères », l’histoire en elle-même qui nous met en présence de deux inspecteurs, Serge Zwange et Lilas Klaus. Si le premier nommé est ce qu’on peut considérer comme « un vieux de la vieille » dans le petit monde de la police, ayant des habitudes véritablement ancestrales et des méthodes d’action qui lui sont vraiment personnelles et bien rôdées semble-t-il, la seconde détonne dans le tableau avec sa magnifique (et encombrante) chevelure et son allure de femme fatale.
Enfin, toujours est-il, que tous les deux se retrouvent à plancher sur des meurtres, commis à deux d’intervalle dans la capitale belge avec pour simple lien commun le fait que les deux victimes se trouvent être le juge et l’architecte accusé d’inceste que celui-ci a condamné à 15 ans d’emprisonnement quelques années plus tôt. Une base fragile qui oblige très vite nos deux inspecteurs à unir leurs forces et leurs réflexions quant à l’identité du ou des tueurs, d’autant plus que d’autres assassinats suivent. Et tout ceci en l’espace de quelques jours à peine.
Outre le fait de mettre à l’honneur Bruxelles et de nous faire découvrir les particularités de la capitale belge d’un regard neuf, l’auteur nous offre également une histoire cohérente, trépidante et, il faut bien le dire, aussi instructive que passionnante.
En effet qui peut se targuer de connaître aussi bien les tenants et les aboutissants des relations conflictuelles qui opposent les Wallons et les Flamands dans le Plat Pays que nous chantait si bien Brel. Certainement pas l’auteur de ces quelques lignes qui l’avoue bien humblement. Dans cet univers particulier, à la fois étouffant et plutôt angoissant, Dulle Griet mêle aussi les vies agitées de ses deux acolytes. Tandis que Zwange s’est mis à l’écart du monde policier après le décès jugé accidentel de son épouse, la belle Lilas n’en peut plus de subir le contrecoup (et les commentaires et autres coups bas) que son apparence et son art de vivre suscitent par envie et une curiosité assez malsaine. De fait entre les états d’âme de nos deux inspecteurs et les injonctions de leur hiérarchie qui les oblige à collaborer pour résoudre au plus vite cette enquête troublante, entre les rivalités qui se dévoilent et nous font frémir de peur quand ce n’est pas d’horreur, l’auteur nous « livre » un roman singulier qui nous tient en haleine de la première à la dernière page. Epoustouflant !