Les ombres du pays de la Mée
Je ne résiste pas à peine la dernière phrase lue à partager mon enthousiasme et mon émotion pour ce magnifique roman d'Hélène Legrais paru dans la collection Terres de France des Presses de la Cité en 2008.
Imaginez un instant! Votre grand-tante vient de mourir. Vous êtes journaliste grand reporter avec une vie bien agencée, professionnelle et privée, installée à Paris et..., comme il se doit, vous retournez dans votre Bretagne familiale pour assister aux obsèques.
Mais là! quelle n'est pas votre surprise lorsque, la veille de la cérémonie au moment de préparer le caveau familial à recevoir la dépouille mortelle de votre grand-tante, vous découvrez que le corps d'une enfant, petite fille d'environ 8 ans, y repose déjà depuis plusieurs décennies. Une petite fille ne figurant pas dans l'arbre généalogique familial, dont aucun membre de votre famille ne soupçonnait l'existence et sur laquelle les plus anciens semblent entretenir un grave secret!
Voilà de quoi intriguer et réveiller fort à propos votre esprit d'investigation et de compréhension professionnel bien légitime!
C'est ce qui arrive à Mélanie, la trentaine bien établie, en couple avec Pascal, grand reporter également, couvrant tous les grands évènements de la planète et qui a bien du mal à comprendre comment sa dulcinée peut se passionner pour ce secret familial bien protégé et vouloir absolument redonner son identité et sa place au sein de la famille à cette petite fille!
Avec force et détermination, avec passion et une bonne dose d'émotions, Hélène Legrais nous ouvre les portes de cette famille Le Gallois au patriarche fondateur bien loin du parfait notable, image du patron "qui s'est fait tout seul" qu'il a créée de toutes pièces. La Bretagne, ses traditions, ses "esprits", son âme, et en particulier celle de ce Pays de la Mée nous y sont présentés avec enchantement et mystère pour notre plus grand bonheur de lecteur.
Avec Mélanie, on va de surprise en surprise, on s'émeut ou on s'horrifie de ses découvertes familiales liées à notre Histoire, on retrouve son premier amour, et on s'interroge...
Mais le plus beau, le plus intense de ce récit, c'est sa deuxième voix, celle de cette petite fille qui ne sait rien de ses origines, à qui on cache très fort le nom de ses parents en lui laissant entendre cependant que "ce sont de bonnes personnes", qui souffre d'une maladie grave inconnue (cause de son décès précoce) et dont on ignore l'identité et le prénom jusqu'à la dernière ligne... Vraiment bouleversant!