Les noces de soie

Publié le par Martine

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Que de belles lectures nous sont données à apprécier cet hiver ! Ces « Noces de soie » de Jean-Paul Malaval parues chez Calmann-Lévy dans la collection France de toujours et d’aujourd’hui ne font pas exception à la règle.

Cette histoire débute au moment de la naissance du petit Silvius Andromas troisième enfant du couple formé par Mariette et Théodore et premier garçon après deux filles ainées. C’est dire si, en ce printemps 1875, la joie du père est immense. Propriétaire d’un domaine de culture de vers à soie sur le plateau ardéchois à Chauzit proche d’Aubenas, celui-ci est désormais assuré de la succession de sa magnanerie. Hélas ! c’est compter sans son goût affirmé pour la boisson, son égocentrisme forcené, la faiblesse maternelle et, il faut bien le dire, la rivalité qui oppose depuis toujours la famille Andromas aux viticulteurs Sitbon qui font que, tour à tour, chacun des enfants de Théodore et Mariette va fuir la propriété familiale. Si l’aînée Eugénie décide d’embrasser la carrière d’institutrice, la seconde Pauline est plus malheureuse. Placée à l’usine Beauchamps par son père pour rapporter un peu d’argent frais à la propriété familiale, elle démissionne « par amour » croit-elle, et se retrouve bientôt à devoir tapiner pour survivre. Quant au jeune Silvius, c’est aussi pour les beaux yeux de la riche et jolie Roxane, fille d’un soyeux de Lyon, mais également pour marquer son opposition et soin rejet de l’image paternelle, qu’il choisit de partir dans la capitale du Rhône et de s’y installer définitivement quoique cela lui en coûte.

Avec son talent de conteur habituel, Jean-Paul Malaval nous offre ici à découvrir une Ardèche pittoresque avec ses qualités et ses défauts, ses secrets jalousement gardés, ses manières rustres de paysans ou plus nobles de ceux qui habitent « la ville », ses paysages admirablement décrits qui nous invitent à de beaux parcours, et ses personnages hauts en couleurs aux caractères bien trempés, ou plus effacés, mais toujours remarquablement dépeints. Lyon, la capitale du Rhône et ses canuts, sa dominante dédiée à la soie, n’est pas en reste. Ses ruelles typiques, sa fierté d’appartenir à une certaine catégorie professionnelle et d’en imposer au reste du monde, sa vie mondaine comparée à celle beaucoup plus chiche de ses ouvriers, ses rivalités et autres règlements de compte passionnels ou plus profonds nous sont présentés avec justesse et réalisme. Tout ceci et bien plus encore, en y intégrant une belle histoire d’amour entre Silvius et Roxane, Jean-Paul Malaval nous l’offre comme un cadeau, un partage sensible et fort, qui nous révèle un vrai bonheur de lecture.

 

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