Les encriers de porcelaine
En ces premiers jours d’automne 1935, la jeune et jolie Augusta Maupin arrive à Chèvreroche, petit village situé à quelques kilomètres de Brives en Corrèze pour y occuper son premier poste d’institutrice. Accueillie tout d’abord par le cantonnier Josselin Pradal puis son collègue Henri Jacquet et le maire Paul Martoire, la jeune Augusta prend très vite la mesure de la mission qui lui incombe : conduire tous ses futurs élèves à obtenir leur certificat d’études primaires. Mission qui, si elle ne relève pas de l’impossible, n’en demeure pas moins une véritable gageure dans la mesure où le niveau scolaire de ces petits paysans frôle plutôt celui de la bonne terre que celui des étoiles. Mais à l’impossible, nul n’est tenu et certainement pas Augusta Maupin ! Même si, pour y arriver, elle va devoir affronter les coups bas de monsieur le maire, Croix de feu convaincu, associé pour mieux la prendre en défaut au curé de Morel, faire avec les amours impossibles du jeune Guillin et du cantonnier, et surtout vivre sa belle romance avec Martial Bertier, socialiste de la première heure et grand partisan du futur président du Front Populaire Léon Blum.
Avec ces « Encriers de porcelaine » paru dans la collection Terres de France des Presses de la Cité, Jean-Paul Malaval nous plonge de plein pied dans les prémices d’avant-guerre et l’arrivée au pouvoir du Front Populaire au printemps 1936, cette période troublée où les fanatiques d’une France pure et noble s’opposent sans vergogne à tous ceux qui souhaitent un pays juste et plus libre. En même temps, de sa plume agréable et attachante, l’auteur nous confronte aux difficultés encore très présentes rencontrées par les enseignants d’une école laïque, initiée par Jules Ferry, en buttes aux idées bien ancrées que l’éducation des plus jeunes doit forcément passer par la religion. Et cela d’autant plus quand on est une femme et, de surcroît, jeune et belle.
« Les encriers de porcelaine » de Jean-Paul Malaval, c’est tout cela à la fois saupoudré d’une belle histoire d’amour ! Mais c’est avant tout un roman passionnant qui nous émeut, nous alarme et nous réjouit tout en nous rappelant sans cesse que l’Histoire est un éternel recommencement.