Je vais beaucoup mieux que mes copains morts
Animatrice d’ateliers d’écriture, Blanche vient d’accepter un nouveau poste dans une maison de retraite afin de permettre à ses résidents de conserver une activité cérébrale et créative. En dépit de quelques craintes et angoisses inhérentes à tout début de mission professionnelle, la première séance se déroule en présence d’une quinzaine de participants venus bon gré mal gré. Et plutôt mal gré d’ailleurs si on se fie à l’attitude au-delà du passif et du désintérêt de la plupart d’entre eux. Qu’à cela ne tienne, Blanche a besoin de ce travail non seulement pour vivre mais aussi pour lui permettre de penser à autre chose qu’à sa relation amoureuse tumultueuse au moins pour quelques heures par jour. Alors elle s’accroche et tente tant bien que mal de retenir la présence de « ses » retraités en leur proposant des activités très diversifiées ayant cependant toutes un lien avec l’écriture. Et bien lui en prend ! Car de petites attentions ou plus grandes confidences, Blanche parvient peu à peu à trouver « la » place que semblent vouloir lui octroyer les résidents… à tort ou à raison. En dépit de tout bon sens (ou grâce à un bon sens entretenu à contre sens), la voici impliquée dans une virée improbable au côté de deux « gentils » papis et d’une mamie au grand cœur et à la volonté implacable.
Menée tambour battant et d’une écriture alerte et à l’enthousiasme communicatif, cette histoire de Viviane Chocas « Je vais beaucoup mieux que mes copains morts » parue aux éditions Héloïse d’Ormesson nous offre une agréable surprise. En effet non contente de nous occuper avec les démêlés sentimentaux de la trop romantique Blanche, l’auteur nous ouvre aussi les portes d’une résidence pour retraités absolument pas comme on pourrait l’imaginer. Si certains clichés ont la vie dure (et celui-ci en particulier), Viviane Chocas met toute son inventivité et son talent de conteuse à profit pour le faire voler en éclat. Si on veut bien l’écouter, terminé les maisons aux couloirs peuplés de pauvres retraités en attente d’une mort prochaine et certaine comme seule perspective. Bien au contraire, l’auteur rivalise d’optimisme pour nous démontrer par A + B que la vie ne s’arrête pas à la porte de ces résidences qui nous font tellement peur. Avec elle, et avec Blanche, on s’émeut de ces destinées et on se réjouit du bon tour que ces papis-mamie sont encore très capables de jouer. Certes il y a bien des moments d’hésitation, mais le rythme enthousiaste de l’auteur est tel qu’on n’a qu’un désir : celui d’y croire envers et contre tout. Pourquoi en effet se contenter de patienter quand certaines possibilités s’offrent à nous ? A l’heure où nous sommes en plein cœur de notre vie active, se laisser séduire par cette douce projection nous procure le plus grand bien et pas que pour nos neurones !