Des vies d'oiseaux
Comment parler de ce roman de Véronique Ovaldé paru aux éditions de l’Olivier sans tomber dans une envolée lyrique qui pourrait paraître un tant soit peu surprenante ?
Pourtant tel est bien le cas avec ces « vies d’oiseaux » qui nous charment et nous transportent par leur écriture soignée, empreinte de poésie, de tendresse et d’émotions mêlées. Mais qui sont réellement ces oiseaux ? Et vers quelle destination finale vont-ils vraiment s’envoler ?
D’une banale effraction qui n’en est à priori pas une, Véronique Ovaldé nous met en présence de l’inspecteur Taïbo et de Vida Izzara émue par l’intrusion étrangère visiblement commise dans sa riche propriété. Déterminé à en savoir plus, et intrigué en même temps par cette femme qui semble cacher bien des secrets, cet inspecteur un brin désabusé n’a de cesse que de vouloir conclure cette enquête. Première de ces interrogations, ce n’est pas Vida qui l’a alerté mais son époux Gustavo. Deuxième questionnement, si la demeure des Izzara a bien été occupée, rien n’a été emporté ou abîmé. Plus inquiétant encore, et c’est la troisième question que se pose notre inspecteur, tout porte à croire que ceux qui sont entrés chez Vida et Gustavo sans y être invités connaissaient bien les lieux…
Par petites touches, grâce à ces interrogations et aux réponses qui y sont peu à peu apportés, on fait alors connaissance avec Paloma, fille unique de Vida, qui a quitté mystérieusement la demeure familiale avec le bel Adolfo, jardinier de son état mais pas seulement, et qui semble revenue contrarier sa mère dans le but plutôt inavoué de la « réveiller ».
Ces « vies d’oiseaux », ce sont donc toutes ces vies qui cohabitent les unes à côté des autres sans vraiment se connaître, prises par un quotidien ennuyeux, fastidieux, des situations et des évènements qu’elles subissent sans avoir l’air de les vivre à l’exception, peut-être, de Paloma qui se rebelle contre cette oisiveté richissime dans laquelle se complait Vida et de son troublant compagnon, Adolfo.
Entre les états d’âme de l’une, les révoltes de l’autre, la jovialité apparente d’un troisième et les inquiétants agissements d’un quatrième, c’est une belle histoire d’amour que nous raconte Véronique Ovaldé initiée par l’enquête de l’inspecteur Taïbo. Une histoire d’amour subtile, loin des clichés habituels, qui, bien au contraire, réussit le prodige de nous émouvoir insidieusement sans pour autant nous éblouir. Une histoire d’amour mère-fille, une histoire d’amour homme-femme, la vie dans toute sa simplicité et sa complexité.
Roman lu dans le cadre des "matchs de la rentrée" initiés par Price Minister.