Comment ça va?
Pour moi, un livre c'est avant tout une rencontre.
Une rencontre physique avec le livre "objet" d'abord. Par sa physionomie, ses couleurs, son poids, son odeur...
Puis une rencontre intellectuelle et sensible par l'histoire qu'il nous raconte.
Et parfois c'est même une rencontre "pour de vrai" avec son auteur, celui qui a su me toucher, m'émouvoir, m'intriguer, me charmer, m'alerter, me faire rire ou pleurer par le simple pouvoir et la force de ses mots.
Ces rencontres-là, qu'elles aient lieu sur un salon ou en interview (et j'apprécie d'autant plus mon activité de blogueuse chroniqueuse pour ça), sont de vrais moments de bonheur, d'échanges, des petites pépites à conserver bien précieusement.
Avec le livre dont je souhaite vous entretenir ce matin, la rencontre a bel et bien eu lieu et se prolonge de manière assez inattendue, comme en résonnance avec ce que je viens d'écrire à l'instant.
J'ai eu l'occasion en effet de lire une nouvelle en lice pour le concours d'écriture Aufeminin.com et elle m'a bouleversée. Peut-être parce que je lisais à ce moment-là le sublime "Kinderzimmer" de Valentine Goby et que j'y ai trouvé un écho assourdissant?
Je ne sais pas trop. Mais cette nouvelle m'a terriblement émue. J'ai donc pianoté le nom de son auteur sur Google et comme elle, c'est une femme : Elodie Torrente, était sur Facebook, je l'ai contactée pour lui faire part de mon émotion et la remercier pour ce texte tellement fort. La conversation qui s'en est suivie a été des plus agréable et j'ai ainsi appris qu'Elodie Torrente avait déjà publié un recueil "Comment ça va? Des nouvelles de nous..." il y a cinq ans. Je lui en ai commandé un exemplaire, reçu la semaine dernière et que je lis ces jours-ci par petites doses pour en apprécier chaque phrase, chaque texte en toute quiétude.
Comme nous sommes mardi, et pour vous faire apprécier aussi son écriture, je vous en livre un extrait page 31, fidèle au rendez-vous de Sophie.
"Il est 10h30. Dans une petite usine de carton, Mathilde, responsable de la chaîne 28, apprend qu'un des ouvriers, travaillant sous ses ordres depuis quelques mois, a été retrouvé mort, au petit matin, dans une rue parisienne. "Tu te rends compte, lui dit-on, il travaillait ici et dormait dehors, sous des cartons!"
Et Mathilde, furieuse, de répondre : "Oui, je me rends surtout compte que tout ça va nous faire une très mauvaise publicité!"
Je ne dirai rien de plus...