Il faut qu'on parle de Kevin
Publié chez Belfond, "Il faut qu'on parle de Kevin" est un roman fort, prenant, captivant de Lionel Shriver. Une lecture dont on ne sort pas indemne tellement elle nous provoque et nous questionne dans nos plus intimes convictions.
A la veille de ses 16 ans, Kevin tue neuf personnes de son collège. Pour Eva, sa mère, commence alors un long cheminement, une réflexion qui la pousse à vouloir comprendre cet inimaginable. Qu'est-ce qui a pu pousser son fils à devenir cet assassin? A quel moment n'a-t-elle pas "assuré"? Pourquoi n'a-t-elle pas vu ou pas su voir que quelque chose n'allait pas ou plus dans la vie de son fils?
Mais surtout Eva va devoir répondre à cette interrogation: "connaît-on toujours bien ceux que l'on aime?" et apprendre à vivre avec sa part de responsabilité.
Elle se souvient alors de ses difficultés. Celle d'abord de devoir sacrifier une carrière professionnelle qui s'annonçait brillante pour assumer son rôle de mère et celles ensuite ressenties face au caractère coléreux et difficile déjà affiché par Kevin. Des émotions contradictoires envers cet enfant que la naissance de sa petite soeur, douce et affectueuse, n'a fait qu'augmenter au fil des ans.
A travers des lettres adressées à son ex mari et père de Kevin, Eva nous fait partager sa longue et douloureuse expérience. Une épreuve que l'on ne souhaiterait pas à son plus pire ennemi tellement elle est incroyable de dureté et de monstruosité. Un beau portrait de mère. Un roman "coup de poing" complexe qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Coup de chapeau également pour la traduction de Françoise Cartano qui a su restituer au mieux l'écriture intimiste de Lionel Schriver.